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  • Le jargon de laristocratie française du XVII

  • 2. Argot ou jargon des déclassés.

  • -ard, -arde

  • -mar(e), -muche, -uche, -oche, -go(t), -os, -ai, -dingue, -aga

  • 3. Jargons ou argots professionnels.

  • -eur, -euse, -ier, -ière

  • -if, -ive

  • Le rôle de la Révolution française dans le renouvellement la démocratisation du vocabulaire.

  • Les néologismes français du XX

  • Лексикология методичка. Учебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса


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    НазваниеУчебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса
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    Дата19.09.2022
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    II . RÉSUMÉ



    1. Jargons sociaux. Généralités. La langue est appelée à satisfaire les besoins du peuple en entier, elle sert pareillement toutes les couches sociales. Cependant la présence au sein de la société de classes et de groupes sociaux différents se fait infailliblement ressentir sur la lan­gue, particulièrement sur son vocabulaire. L'existence des divers jargons sociaux en est un témoignage manifeste.

    Les dialectes sociaux (ou jargons) se distinguent profondément des dialectes locaux.

    À l’encontre des dialectes locaux qui sont parlés par des représentants de couches sociales différentes, les jargons ont une sphère d'application étroite parmi les membres d'un groupe social déterminé.

    Contrairement aux dialectes locaux, les dialectes sociaux ou jar­gons n'ont guère leur propre système grammatical et phonétique ; ils le possèdent en commun à côté d'une partie du vocabulaire avec la langue nationale. Donc, les jargons sociaux sont dépourvus de toute indépendance linguistique, ils ne sont rien autre que des rejetons de la langue nationale du peuple tout entier.

    Le jargon de l'aristocratie française du XVIIe siècle (jargon des précieuses). Les jargons peuvent être créés par les membres des classes dirigeantes qui se sont détachées du peuple et nourrissent du mépris à son égard. Ces jargons de classe se distinguent par un certain nombre de mots et d'expressions spécifiques d'un caractère recherché, ils sont exempts des expressions réalistes et «grossières» de la langue nationale. Voulant se singulari­ser, les couches supérieures des classes dominantes se fabriquaient, en particulier, des « langues de salon ». L'aristocratie mondaine du XVIIe s. désireuse de s'opposer au « bas » peuple s'est ingéniée à remplacer des mots d'un emploi commun, mais lui paraissant vulgaires, par des périphrases euphémiques inintelligibles et saugrenues, comme : la mesure du temps (« la montre ») ; le témoin des âges (« l'histoire ») ; l'enfant de la nécessité (« un pauvre ») ; la compagne perpétuelle des morts et des vivants (« une chemise ») ; l'ameublement de la bouche (« les dents ») ; lustrer son visage (« se farder ») ; l'amour fini (« le mariage ») ; le plaisir innocent de la chair (« l'ongle »), etc.

    Ce jargon avait une sphère étroite de circulation. Il reflète les
    vaines tendances des représentants des classes supérieures de la France de s'opposer aux autres, au peuple en premier lieu, par la création d'un lexique spécial, incompréhensible aux non-initiés. De nos jours nombre parmi elles sont incompréhensibles. En effet, il est fort difficile de comprendre la phrase: l'invisible n'a point gâté l'économie de votre tête, ce qui veut dire 'le vent n'a point défrisé votre coiffure'. On ressent bien le caractère artificiel de ce langage mort-né.

    2. Argot ou jargon des déclassés. À côté des jargons de classe, il faut nommer l'argot des déclassés, appelé aussi «jargon». De même que les jargons de classe l'argot des déclassés ne forme guère de langue indépendante. Il utilise les systèmes grammatical et phonétique de la langue nationale et n'a en propre qu'une partie du lexique. Il ne sert guère de moyen de communication à toute la société, mais seulement, à une couche sociale restreinte, originairement à des malfaiteurs. L'argot français des déclassés est ancien, il existe depuis le Moyen Âge.

    Dans son développement accéléré l'argot fait appel aux divers moyens de création et de renouvellement appartenant à la langue commune. Ainsi on y retrouve les mêmes procédés essentiels de formation :

    • affixation (l'emploi des préfixes et des suffixes courants): dé- : débecter - «dégoûter»  becter - «manger» ; re- : replonger - «être incarcéré de nouveau après récidive» plonger -«être inculpé ou incarcéré »; -iste: étalagiste - «voleur à l'étalage» ; -eur, -euse : biberonneur - «alcoolique, ivrogne» ; faucheuse - «mort » et «guillotine» ; -âge : battage - «mensonge» ; -ard, -arde : fendard - «pantalon», crevard - «insatiable, qui a toujours faim», soiffard - «qui boit beaucoup», babillarde - «langue»; -ier : flibus­tier - «individu malhonnête» flibuster - «voler, escroquer» ;

    • conversion : battant, palpitant - «cœur», luisant - «soleil» et «jour», crevant - «très fatigant» et «très drôle», cogne- «policier, agent de police», centrale (m) - «prisonnier détenu dans une maison centrale» ;

    • composition : casse-pattes - « boisson très forte », court-jus - « court-circuit », court-circuit - « douleur vive et rapide », casse-pipe - « guerre », pète-sec - se dit d'une personne autoritaire, qui commande sans réplique ;

    • télescopage : malagauche de mala[droit] et gauche «mala­droit», foultitude de foul[e] et [mul]titude - « grande quantité », éconocroques de écono[mie] et croqu[er] ;

    • abréviation : bombe pour « bombance », alloc pour « alloca­tion », beauf(e) pour « beau-frère », estom pour « estomac », diam pour « diamant », maquille pour « maquillage », der pour « dernier » (cf. le der des ders - « le dernier verre avant de se quitter ») ;

    • formation d'onomatopées : toquante - « montre »  toc-toc, fric-frac - « vol avec effraction » ;

    • formation de locutions phraséologiques : tas de ferrailles - «véhicule en mauvais état», pincer de la harpe, de la guitare - «être en prison», son et lumière - «une personne âgée, un vieillard», soixante-dix-huit tours - «personne âgée ou démodée», être tondu à zéro - «avoir les cheveux coupés très ras», c 'est du cinéma ! - «c'est invraisemblable, ce n'est pas crédible !», c 'est pas de la tarte ! - «cela n'ira pas tout seul, c'est qqch de très difficile !», n'en avoir rien à cirer - «s'en désintéresser complètement».

    Cependant l'argot possède certains modèles et procédés de forma­tion qui lui appartiennent en propre. Signalons, entre autres, les pseudo-suffixes argotiques  -mar(e), -muche, -uche, -oche, -go(t), -os, -ai, -dingue, -aga, par exemple : épicemar - «épicier» ; Ménilmuche «Ménilmontant», argomuche - «argot» ; la Bastoche - «Bastille», cinoche - «cinéma», parigot - «parisien», icigo - «ici», lago - «là» ; chicos - «chic», craignos se dit de qch de laid, douteux, inquiétant - «Cet hôpital ripou (= « pourri ») devient craigne», calmos ! («du calme !»), boutanche - «bouteille», préfectanche - «préfecture», cradingue - «très sale, crasseux», sourdingue - «sourd», poulaga - « policier ».

    Un des procédés préférés de l'argot paraît être la déformation des mots existants. Les suffixes argotiques signalés ci-dessus servent notamment à déformer les mots de la langue générale en les faisant passer, transfigurés, dans l'argot. Un autre moyen de déformer les mots, et qui n'est rien qu'un code spécial, consiste à remplacer la consonne ou le groupe de consonnes initiales par un l, à les rejeter à la fin en les faisant suivre d'une finale: -é, -em, -i, etc. C'est ainsi qu'ont été formés loucherbem et largonji désignant l'ancien argot des bouchers de la Villette : l-oucher-b-em de « boucher », l-ar-gon-j-i de «jargon » ; cf. encore elicierpem pour «épicier», enlerfem pour «enfer», lauchem - «chaud», laubé - «beau, belle», linvé « vingt». Signalons encore le verlan, autre procédé qui consiste à retourner le mot «à l'envers», syllabe par syllabe : brelica pour « calibre », chicha pour «haschisch», tromé pour « métro », féca pour « café », ripou pou «pourri ».

    Comme nous l'avons vu les créations nouvelles dans l'argot des déclassés sont nombreuses ; toutefois elles ne présentent pas toujours de véritables néologismes, mais des altérations purement extérieures de mot de la langue commune ; ainsi de valise on tire valoche, valdingue.

    D'une manière générale l'argot est caractérisé par les mêmes procédés sémantiques que la langue nationale. Mais parmi ces procédés la première place revient aux changements métaphoriques. A titre d'exemples nommons piano - «les dents», souris - «fille, femme» (plutôt jeune et bien faite), corbeau - «curé en soutane», aquarium - «bureau vitré», fuseaux - «jambes» (plutôt maigres), rat - «avare», éponge «ivrogne», agrafer, accrocher -«appréhender, arrêter», nettoyer - «dépouiller», expédier - «tuer», planer - «rêvasser, ne pas avoir le sens de la réalité».

    On y trouve plus rarement des métonymies : pèlerine - « policier », calibre - « revolver », la calotte - « le clergé, les curés », foire - « fête».

    Les euphémismes y sont fort nombreux : effacer, envoyer, descendre, régler son compte pour « abattre, tuer », soulager, détourner, travailler pour «voler», frangine, nana, fille de noce, marchande d'amour pour «prostituée», faire sa malle, lécher la bouée, perdre le goût du pain, rendre ses clés pour « mourir ».

    L'argot compte un nombre considérable de vocables étrangers ce qui s'explique par les contacts fréquents des déclassés français avec des représentants d'autres nationalités au cours de l'histoire.

    Parmi les vocables d'origine étrangère citons flemme - « paresse »  ital. flemma - « tranquillité, patience », fourguer - « acheter des objets provenant d'un vol »  ital. frugare - « chercher avec minutie », sbire - « surveillant de prison, policier »  ital. sbirro - « policier »; frio - « froid »  esp. frio ; mendigot - « mendiant errant »  esp. mendigo ; moukere - « femme de mauvaise vie »  esp. mujer - « femme, épouse » ; schlague - « fouet, cravache (comme châtiment cor­porel) »  all. Schlag - « coup » ; schlass ou chlass - « ivre »  all. Slass «fatigué, mou » ; because, bicause - « parce que »  angl, because ; bisness, bizness - « métier »  angl. business - « affaire(s), occupa­tion » ; casbah - « maison ; local d'habitation », d'origine arabe.

    L'argot se distingue par la multiplicité de ses synonymes. Mais les membres des nom­breuses séries de synonymes qu'offre l'argot peuvent être généralement employés indifféremment et présentent des synonymes dits « absolus ». C 'est ainsi que pour « père » l'argot dit le dabe, le daron qui sont de simples équivalents ; il en est de même pour « main » - pince, patte, cuiller, etc. ; les équivalents argotiques de « tête » sont encore plus nombreux

    : bille, bobine, bouchon, boule, caillou, cafetière, citrouille, chou, pêche, ce cassis, pomme et d'autres au nombre de 66.

    En parlant des synonymes il est nécessaire de mentionner un phénomène qui a pris une extension particulière dans l'argot. Ce phénomène pourrait être nommé « création de synonymes par attraction de sens » ; il consiste en ce qu'un vocable est susceptible de recevoir en qualité synonymes tout autre vocable uni au premier par un rapport sémantique plus ou moins apparent. Lorsqu'en argot un nom de fruit a désigné «tête» p. ex., poire, d'autres noms de fruit ont subi la même évolution sémantique (cf. pêche, pomme, citrouille, etc.)servent aussi à présent à désigner la tête. Les rapports sémantiques qui se trouvent à la base de la création de nouveaux synonymes sont parfois plus compliqués. Ainsi, chiquer qui signifie en argot « battre, tromper » éveille l'idée de tabac (pour autant qu'en français chiquer veut dire « mâcher du tabac ») ; partant de l'idée de battre, d'un côté et de l'idée de tabac de l'autre, chiquer donne naissance à deux séries synonymiques parallèles : passer à tabac, tabasser - « battre, rouer de coups » et raconter une carotte, raconter une blague - « tromper ».

    Au cours des siècles l'argot des déclassés a fourni au français littéraire une partie de ses vocables par l'intermédiaire du langage populaire.

    Certains d'entre eux s'y sont incrustés si profondément qu'ils ont complètement perdu leur valeur argotique. Qui se douterait aujourd'hui de l'origine argotique des mots tels que abasourdir (de l'ancien basourdir - « tuer »), boniment (terme de saltimbanque, de bonir - « dire », proprement « en dire de bonnes »), bribe (qui signifiait à l'origine « pain mendié »), dupe (forme de huppe avec l'agglutination du d de de), grivois (autrefois « soldat »), polisson (dont le sens primitif est « voleur », de polir - «voler»).

    L'influence de l'argot continue à se faire fortement sentir dans le français national moderne. Signalons entre autres : becter, boulotter - «manger», galette, pognon, grisbi - « argent », toucher la galette - « toucher de l'argent», agrafer - «empoigner, arrêter», piaule - « chambre, logement », pinard - « toute espèce de vin », plombe - « heure », « minute » (cf. six plombes et vingt broquilles), mec - « homme, individu quelconque », baffe - « gifle », baccara - « faillite » (dans l'expression être en plein baccara - « être dans les ennuis jusqu'au cou »), flemme, cosse - « paresse », pote - « camarade, ami », zig - « type, individu », bastringue - « bal de guinguette », frangin, -ine - « frère, soeur », moche - « laid », chouette - « beau, bon, agréable », alpaguer, pincer - « appréhender, arrêter » et « mettre la main sur, s'emparer de, saisir qqn », bousiller - « travailler mal et vite », ça boume, ça gaze - « ça va bien », d'enfer, du tonnerre - « sensationnel, excellent ».
    3. Jargons ou argots professionnels. Des argots de classe il faut distinguer les jargons ou les argots professionnels. De même que les argots de classe les jargons professionnels ne possèdent en propre qu'une partie du lexique ; quant au système grammatical et la prononciation, ils sont ceux de la langue commune. Les argots professionnels comprennent des mots et des expressions destinés généralement à suppléer les mots de la langue commune usités par les représentants de professions et de métiers différents. Ces mots et expressions sont souvent caractérisés par une nuance affective.

    Les ouvriers possèdent dans chaque corps de métier un argot spécial. II en est de même pour le théâtre et le cinéma, les écoles et autres corporations de gens réunis d'après leurs occupations. Les soldats parlent argot dans la caserne comme les marins sur le navire.

    Signalons en guise d'illustration quelques vocables d'origine argotique figurant dans les dictionnaires de type général. Tels sont les mots de l'argot des écoles : boîte - « école », boîte à bachot, bahut - « lycée » ; piocher, chiader, potasser - « travailler avec assiduité » ; diff - « difficile » ; prof - « professeur » ; math'élém - « mathématiques élémentai­res » ; colle - « exercice d'interrogation préparatoire aux examens » et « question difficile », pion - « répétiteur », archicube - « ancien élève de l'École normale supérieure » ; énarque - « ancien élève de l'École nationale d'administration (considéré comme détenteur du pouvoir) », sorbonnard - « étudiant en Sorbonne.

    Dans l'armée, qui a son argot très étendu, ont pris naissance : barda - « équipement complet du soldat » ; rab(iot) - « ration en supplément » ; perm(e) — « congé accordé à un militaire, permission » ; colon - « colonel », capiston - «capitaine» ; juteux - «adjudant», marmite - « obus », marmitage - « bombardement », pagnoter, roupiller - « dormir », baroud - « combat » ; taule - « prison militaire » et beaucoup d'autres. Certains, en passant dans l'usage courant, ont acquis des sens supplémentaires ou bien ont élargi leur emploi. Ainsi les godillots en plus de « chaussures militaires » désigne « un incondi­tionnel, un fidèle qui marche sans discuter » ; pinard à partir de « boisson préférée des soldats » s'est largement répandu dans le langage courant où il désigne le vin rouge ordinaire.

    Les jargons de classe, les jargons ou argots professionnels de même que l'argot des déclassés sont autant de ramifications de la langue natio­nale commune.

    4. Terminologie spéciale. Chaque science a sa propre terminologie qui est appelée à refléter ses progrès. Le terme est un mot qui désigne une notion spéciale.
    La terminologie spéciale présente un système établi de signes qui se caractérise par sa stabilité et sa monosémie. La polysémie ne fait que nuire à la terminologie qui exige une grande exactitude et précision dans la dénomination des notions scientifiques et comme tels sont privés de valeur expressive.

    De même que les jargons de profession la terminologie spéciale n'a de particulier que son lexique. Elle l'enrichit en utilisant les procédés de formation du fonds lexical usuel.

    Le développement de l'industrie, les progrès de la science font
    naître quantité de termes spéciaux. Ainsi le progrès de la médecine a
    a engendré nombre de composés avec le substantif thérapie: radiothérapie, alcoolothérapie, vitaminothérapie, télécobalthérapie, électrothérapie, hydrothérapie, physiothérapie, galvanothérapie. Les succès de la radiotechnique ont donné naissance à une multitude de termes formés à l'aide du radical téléqui signifie « loin » : téléphone, télégraphe, téléphoner, télévision, téléviseur, téléspectateur, téléradar,télémétrie, télécommunication, télédistribution. Le mot latin radius« rayon » a aussi donné beaucoup de dérivés et de composés qui reflètent les progrès de la science: radiodiffusion, radioélectricité, radioguidage, radiation, irradiation, radiochimie, radiobiologie, radioastronomie, radio-isotope, radioactif, radioactivité, radio canal, radioconducteur, radio détecteur, radio contrôleur, radiophonographe, radioélément, radiophone, radiocanon. Les progrès de l'énergie nucléaire ont amené l'apparition des mots: électron, positron, deutéron, proton, neutron, ion, ioniser, atomique, subatomique, atomistique («la science de l'atome»), nucléonique, nucléaire, nucléonicien, réacteur.

    La terminologie spéciale et le fonds lexical usuel sont en étroit
    contact, un échange perpétuel s'effectuant entre eux. Ainsi la terminologie spéciale crée des termes nouveaux en premier lieu à l'aide des suffixes usuels. Parmi les suffixes d'agent sont surtout productifs dans la terminologie spéciale les suffixes -eur, -euse, -ier, -ière: mineur, fouleur («валяльщик»), lamineur («вальцовщик»), gommeur, tôlier, caoutchoutier.

    Avec les progrès de l'industrie, de la technique, les suffixes d'agent élargissent leur sphère d'action en servant à former les noms d'outils, d'appareils, d'instruments: atténuateur, accélérateur, amplificateur, amortisseur, absorbeur, affaiblisseur, condenseur, émetteur,localisateur, humecteur, mélangeur, oscillateur, rotateur, réacteur, réducteur, enduiseuse (« шпрединг-машина »), valseuse (« вертелка »), tresseuse (« плетельная машина »), boudineuse (« шприц-машина »), doubleuse (« двоильная машина »), bourreuse (« машина для забивания шпуров »).

    Pour former les noms d'action désignant différents processus, la terminologie spéciale utilise largement les suffixes d'action: -age : freinage, déréglage, nickelage, forage («cверление») etc.; -ation: scintillation («свечение»), radiation, insonorisation, activation, acidification («подкисление») etc. ; -ment: accouplement («сцепление»), rayonnement, écoulement, cisaillement («срез»), décollement («отслаивание»), etc.

    Pour marquer les différentes qualités des substances, des matériaux et des métaux la terminologie spéciale emploie surtout le suffixe usuel -ité: ductilité (« ковкость »), élasticité, radioactivité, plasticité, conductivité («проводимость»), luminosité, linéarité, acidité («кислотность»), viscosité, insonorité («звукопроницаемость»), adhésivité («клейкость») etc.

    Parmi les suffixes d'adjectifs sont répandus dans la terminologie spéciale les suffixes: -ique: électronique, neutronique, atomique, plastique, thermique; -al, -el: radial, longitudinal, martial, argental (qui contient l'argent), arsenical, , directionnel, séquentiel, fréquentiel; -if, -ive: abrasif, absorptif, agglomératif, corrosif, disparatif ; -able, -ible: amalgable, cimentable, coxefiable, mouillable, gonflable, imbrouillable, orientable.

    Parmi les suffixes verbaux sont productifs dans la terminologie
    spéciale les suffixes: -er: caoutchouter, gommer, aciduler ; -ifier: acidifier, électrifier, typifier, nidifier, étanchéifier ; -iser: électriser,, sonoriser.
    5. Le mot et le temps. Néologismes dans le vocabulaire du français moderne. Les néologismes (du gr. neos -« nouveau » et logos - « notion, mot ») sont des mots et des locutions nouvellement surgis dans la langue, ainsi que des mots anciens employés dans un sens nouveau. Les néologismes reflètent d'une façon manifeste le lien indissoluble qui existe entre la pensée et la langue. Toute notion nouvelle engendrée par la pratique de l'homme dans les multiples domaines de son activité reçoit nécessairement une dénomination dans la langue. Ainsi apparaissent les néologismes.

    Les néologismes sont non seulement des créations indigènes, des vocables formés par les moyens internes de la langue même, mais aussi des emprunts faits à d'autres idiomes.

    Les vocables figurent dans la langue en qualité de néologismes tant qu'ils sont perçus comme y étant introduits récemment. Peu à peu, avec le temps, ils se confondent avec les vocables plus anciens et finissent par ne plus s'en distinguer et perdent ainsi leur valeur de néologismes. Certains d'entre eux, créés dans des buts sensationnels ou représentant des fabrications fâcheuses, sont relégués dans l'oubli presque aussitôt après leur naissance.

    Il est fort difficile et le plus souvent impossible d'établir exactement la date de l'apparition d'un néologisme, car l'enrichissement graduel de la langue est le résultat des efforts réunis du peuple en entier. Seulement pour certains vocables dont l'auteur est connu on peut indiquer la date plus ou moins précise de l'apparition. Ce sont pour la plupart des termes scientifiques et techniques qui, devant être précis par excellence, contiennent souvent leur propre définition comme, par exemple, oxygène («propre à engendrer les acides», du gr. oxus - «acide» et gennân — «engendrer») créé en 1786 par A. Lavoisier ; sociologie formé en 1830 de société et du gr. logos - « discours », « traité » par A. Comte sur le modèle de mots savants comme biologie, géologie, etc. ; cinématographe créé au début du XXe siècle par les inventeurs, les frères Lumière, du gr. kinêma - «mouvement» et graphein - « écrire » et vulgarisé sous forme de cinéma et ciné.

    On distingue les néologismes linguistiques et les néologismes individuels (dits stylistiques, ou hapax). Les premiers sont le patrimoine de toute la nation et font partie du vocabulaire de la langue. Les derniers sont des inventions individuelles créées généralement par des écrivains dans des buts esthétiques comme moyen d'expression littéraire ; les créa­tions individuelles n'appartiennent pas à la langue nationale, n'étant compris que dans le texte où ils sont employés et auquel ils restent attachés.

    Cependant les néologismes stylistiques les mieux réussis ont toutes les chances de passer dans le vocabulaire de la langue nationale : tel a étéle sort de s'égosiller (« 1. se fatiguer la gorge à force de crier ; 2. chanter longtemps, le plus fort possible»)créé par Molière, de mégère introduit au sens figuré par Saint-Simon ; c'est à V. Hugo qu'on doit hilare («gai ») ,fauve et gavroche et à H. de Balzac gâterie. On doit, à Voltaire l'adjectif antipatriotique, à D'Alambert - le substantif anglomanie, Daudet a donné le nom à une nouvelle école de peinture - impressionnisme,on lui doit encore les verbes s'activer et diagnostiquer.

    Les néologismes ne passent pas toujours sans encombre dans la langue nationale. De tout temps ils ont été freinés par les puristes.

    Signalons cependant que seulement une partie des néologismes survit dans la langue. Seuls les néologismes d'une bonne frappe, formés d'après les lois du développement de la langue et répondant aux exigences de la société, méritent véritablement d'être acceptés. Les vocables nouvellement créés sont surtout nombreux aux époques des grands changements et des bouleversements produits à l'intérieur de la société sans que toutefois cette abondance de néologismes se fasse ressentir sur le système même de la langue.

    Le rôle de la Révolution française dans le renouvellement la démocratisation du vocabulaire. La Révolution française du XVIIIe siècle, dont une des œuvres capitales a été la libération des esprits contraintes linguistiques imposées par les régulateurs rigoureux du siècle du classicisme, a déclenché la démocratisation de la langue française qui se poursuit jusqu'à nos jours. C'est durant cette période mouvementée que font leur apparition des mots tels que activer, alarmiste, centraliser, centralisation, propagande, réquisition, polytechnique, guillotine, guillotiner, carmagnole ; à côté de révolutionnaire sont créés contre-révolutionnaire ultra-révolutionnaire. Certains mots s'approprient un sens nouveau, ainsi le mot patriote qui était un synonyme de compatriote, a été popularisé au sens d' « homme fidèle au régime existant » ; réaction n'était auparavant qu'un terme de physique, après la Révolution il est devenu un terme politique voulant dire « les ennemis de la révolution » et la réaction royaliste était un emploi nouveau ; de réaction on a formé réactionnaire qui a éliminé réacteur de la même époque.

    En jetant bas l'ancien régime féodal la Révolution a donné le coup de fouet au développement du capitalisme en France - événement majeur qui s'est répercuté dans tous les domaines et, en conséquence, dans la langue. Donc, la Révolution, ce grand événement historique, a déterminé dans une large mesure l'évolution ultérieure du français.

    Le XIXe siècle a vu la création et la vulgarisation de nombreux néologismes reflétant les acquisitions techniques et scientifiques. Les plus représentatifs sont les termes de transport modernisé dont, entre autres, chemin de fer (calque partiel de l'anglais railway), locomotive, rail ; bateau à vapeur, transatlantique ; automobile, automobiliste ; aéroplane, avion, aviation, aviateur ; quant aux nombreux termes scientifiques, bornons-nous aux plus insignes, tels vaccin (et ses dérivés), pasteuriser, pasteurisation, rayons X.

    Les néologismes français du XXe siècle. Parmi les grands événements politiques de ce siècle qui ont donné naissance à de nombreux néologismes il faut nommer la crise économique des années 30 en France, la deuxième guerre mondiale et le mouvement populaire pour la paix et la démocratie qui s'est déroulé dans la période d'après-guerre.

    Dans les années 30, pendant la crise économique et politique, des vocables nouveaux apparaissent en liaison avec le renforcement de la lutte des classes et l'accroissement du mouvement gréviste. C'est alors qu'on voit entrer dans l'usage sans-travail, plus expressif que chômeur ;les licenciements massifs des ouvriers ont donné naissance au verbe lockouter (formé de lock-out, emprunt fait à l'anglais déjà vers la fin du XIXe siècle) et à son participe passé substantivé lockouté ; le mépris que le peuple nourrissait à l'égard de la police, gardienne du pouvoir réactionnaire, est parfaitement rendue par le néologisme flicaille, tiré de flic - « agent de police».

    La lutte opiniâtre de la partie la plus démunie du peuple français pour leurs droits a provoqué l'apparition des mots et des expressions tels que : gréviste, grève générale, comité de grève, grève de protestation, grève revendicative, grève perlée - «итальянская забастовка», briseur de grève avec ses synonymes un jaune, un renard - «штрейкбpexep», grève sur le tas - «польская забастовка», contrat collectif et son synonyme convention collective; allocation de chômage, faire la chaîne - « s'unir pour la lutte » ; débrayer, débrayage, qui auparavant n'étaient que des termes techniques, acquièrent un sens politique et signifient «cesser le travail ; la cessation du travail dans une usine» ; le verbe débrayer dans sa nouvelle acception engendre le dérivé débrayeur.

    Déjà au cours des préparatifs de la deuxième guerre mondiale on voit surgir des locutions et des mots nouveaux tels que surarmement, cour aux armements, défense passive - «светомаскировка». À la suite de l'instauration du régime fasciste en Italie et plus tard en Allemagne apparaissent des mots reflétant du notions qui provoquent la haine du peuple fascisme, fasciste, fascisation, fascisant, nazi, nazisme, nazification.

    Pour désigner la guerre entre l'Allemagne et la France en 1939-1940 lorsque d'après les ordres du gouvernement de trahison les soldats français reculaient devant l'ennemi, apparaît l'expression drôle de guerre.

    Dans la période de l'occupation de la France par les fascistes allemands sont créés vichyssois et vichyste pour désigner les membres du gouvernement français profasciste établi à Vichy; les anciens mots collaborer, collaboration et le nouveau collaborationniste, abrégé dans l'usage courant en collabo sont appliqués à ceux qui trahissaient la patrie en faisant le jeu des fascistes allemands; de gangster, emprunté au sens de « bandit » à l'anglo-américain dans les années 30, sont formés gangstérisme, gangster politique caractérisant la politique et le comportement des occupants fascistes.

    Le mouvement de la Résistance qui s'est emparé des larges masses populaires a engendré toute une série de néologismes : le mot résistance s'est enrichi d'un sens qu'il n'avait pas auparavant, il est devenu un terme politique, signifiant « action menée par les patriotes français contre l'oc­cupation allemande en 1940-1944 » ; le mot maquis, proprement « ter­rain couvert de broussailles et d'arbrisseaux en Corse » a commencé à désigner des détachements de partisans français réfugiés en Corse qui, voulant se soustraire à l'ennemi, se cachaient dans les broussailles ; plus tard, par extension, maquis a reçu le sens d'« ensemble de patriotes français luttant clandestinement sous l'occupation » ; son dérivé maquisard a servi à désigner celui qui « a pris le maquis » pendant l'occupation allemande.

    Au cours de la période d'après-guerre des néologismes surgissent en liaison avec les préparatifs d'une éventuelle guerre mondiale. De atome sont tirés atomique, atomisation. On voit apparaître des expressions telles que guerre atomique, psychose atomique, bombe atomique, arme atomi­que, arme nucléaire, arme bactériologique, arme microbienne et beaucoup d'autres. Les adeptes d'une politique de guerre et de rapine sont marqués des noms déshonorants de fauteurs de guerre, fomentateurs de guerre, excitateurs à la guerre, propagateurs de la guerre.

    Les relations tendues avec l'ex-Union Soviétique et les pays du camp socialiste ont donné naissance à l'expression guerre froide. La période d'après-guerre est marquée du mouvement pour la paix qui a pris une ampleur sans précédent. Ce mouvement a contribué à la cristallisation de certaines expressions qui ont acquis une valeur nouvelle ; nommons entre autres : partisan de la paix, combattant de la paix, défenseur de la paix, militant pour la paix, soldat de la paix, forces de paix, ronde de la paix, colombe de la paix, monter la garde de la paix.

    L'année 1968 se signale par une révolte de la jeunesse estudiantine qui exigeait une réforme foncière de l'enseignement et aspirait à un renouveau dans les relations sociales et familiales. Cet événement s'est répercuté sur le vocabulaire par l'apparition de mots tels que marginal (subst.) - «étudiant, chômeur», contestataire (subst.) et d'emplois nouveaux dont participation - «droit de libre discussion et d'intervention des membres d'une communauté», contestation - «remise en cause des idées reçues dans un groupe social ; refus de l'idéologie régnante».

    Dans la première moitié du XXe siècle le vocabulaire s'enrichit des
    termes relatifs à la cinématographie et la radio qui sont, avant la télévision
    les moyens les plus importants autant de la propagande idéologique que
    de la diffusion de la culture.

    Ainsi le cinéma a donné : filmage, filmer, filmologue, filmothèque, documentaire(m), cadrage, cinéaste, cinéroman, cinémathèque, travelling, etc. ; la radio a engendré : radio(f), radio(m), radiodiffusion, T . S. F., micro(phone), haut-parleur, radioamateur, écoute (ne quittez l'écoute), speaker, speakerine, etc.

    Parmi les innovations plus récentes, apparues avec les derniers progrès de la science et de la technique, nommons : alunir, alunissage, astronef, astroport, cosmodrome, cosmonaute, cosmonef, espace cosmique, satelliser, satellite artificiel, spoutnik (conquête du cosmos) ; cassette, chaîne, électrophone, haute-fidélité (abrév. hi-fi), magnétoscope, microsillon, télédistribution, téléviseur, transistor, vidéocassette, vidéodisques (audio-visuel) ; aéroglisseur, airbus, alcooltest, altiport, autoradio, autoroute urbaine, challenger, cyclomoteur, microbus, minibus, parcmètre («счетчик времени стоянки авто» ); bande magnétique, calculatrice, calculette, mémoire, ordinateur, télématique, fax, faxer, minitel, Internet, logiciel, réalité virtuelle (informatique).

    Avec la généralisation de l'enseignement et le développement de mass média un grand nombre de ces termes reçoit un emploi commun.

    La néologie affecte non seulement la terminologie spéciale, mais aussi le vocabulaire de tous les jours. Signalons à titre d'exemple: cuisinette(« кухонный угол (в однокомнатной квартире) » ), emballage consigné (perdu) (« (без)возвратная тара» ), friteuse, gadget(« appareil électroménager» ), H. L. M., lave-vaisselle, moquetter(de moquette), piéton,-ne (rue piétonne), R.E.R. (« Réseau express régional» ), TGV, supermarché, tiercé, surveste, surligneur (« фломастер» ), routard («quifait du stop»), roller, pochothèque (« librairie où l’on vend des livres de poche ).

    Parmi les néologismes du XIXe et du XXe siècles on trouve un groupe tout à fait à part. Ce sont des néologismes morphologiques: certains mots qui n'avaient pas de féminin ou ne s'employaient qu'au singulier, ont acquis ces formes. L'apparition de nombreuses professions féminines, inconnues autrefois, a conduit à accepter les néologismes tels que doctoresse, chirurgienne, autoresse (auteure), avocate, aviatrice, conseillère municipale, ingénieure, promotrice, rédactrice, technicienne, speakerine, téléspeakerine. On a créé aussi lauréate, championne, copine, pédaleuse, professeure et d'autres.
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