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Лексикология методичка. Учебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса


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НазваниеУчебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса
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II . RÉSUMÉ



1. Définition de la phraséologie. Problème des groupements de mots libres et stables. La phraséologie c'est l'aspect particulier de la lexicologie ou même une branche indépendante de la linguistique qui a pour but d'étudier les groupements stables (locutions phraséologiques). La grande question qui se pose concerne la nature des groupements libres et des groupements stables (locutions phraséologiques), leurs traits particuliers, leurs limites. Les groupements libres qui se constituent au moment de la parole tels que : un bon livre, un mauvais livre, un bon camarade, un mauvais camarade, la maison de mon père, le crayon de mon frère, etc. sont du ressort de la grammaire (de la syntaxe). La phraséologie s'occupe des groupements stables (locutions phraséologiques) qui ne se créent pas au moment de la parole, mais y sont reproduit en tant qu'unités toutes faites, unités lexicales.

La plupart des locutions phraséologiques se caractérisent par
leur intégrité sémantique, c'est-à-dire elles présentent un tout unique au point de vue de sens. De cette façon, les locutions phraséologiques sont des uni­tés lexicales qui par leur fonctionnement se rapprochent souvent des mots ce qui permet d'envisager leur création à côté de la formation des mots.

Les locutions phraséologiques sont souvent les équivalents de
mots simples: prendre une décision - décider; faire halte - s'arrêter; avoir peur - craindre; faire peur - effrayer; tout le monde - tous.

Le premier examen approfondi de la phraséologie française a été entre­pris par le linguiste suisse Charles Bally. A. Sechehaye, J. Marouzeau ont aussi soulevé certaines questions ayant trait à la phraséologie française.

Parmi les linguistes russes il faut nommer en premier lieu V.V. Vinogradov dont l'apport à l'étude de la phra­séologie est inestimable.

La phraséologie étudie des agencements de mots particuliers. En se combinant dans la parole, les mots forment deux types d'agencements essentiellement différents. Ce sont, d'une part, des groupements de mots individuels, passagers et instables; les liens entre les composants de ces groupements se rompent sitôt après leur formation et les mots constituant le groupe recouvrent la pleine liberté de s'agencer avec d'autres mots. Ces groupements de mots se forment au moment même du discours et dépendent exclusivement de l'idée que le locuteur tient à exprimer. Ce sont des groupements tels que un travail manuel, un travail intellectuel, une bonne action, une mauvaise action, compliquer un problème, simplifier un processus.

D'autre part, ce sont des agencements dont les mots-composants ont perdu leur liberté d'emploi et forment des locutions stables. Ces locutions expriment souvent une seule idée, une image unique et n'ont un sens que dans leur unité. Les locutions stables ne sont point créées au moment du discours ; tout au contraire, elles sont reproduites comme telles intégralement, comme étant formées d'avance.

Les locutions phraséologiques (ou stables), à leur tour, diffèrent par le degré de leur stabilité et de leur cohésion. Ch. Bally distingue deux types essentiels de locutions phraséologiques : il nomme unités celles dont la cohésion est absolue et séries celles dont la cohésion n'est que relative. Ainsi bon sens dans le bon sens (‘здравый смысл’) suffit pour montrer l'absurdité d'une pareille entreprise représente une unité phraséologique; grièvement blessé, grièvement ne peut être employé qu'avec blessé, forme une série phraséologique.

Remarquons qu’il n'existe pas de limites strictes entre les groupements libres et stables. Ces limites ont un caractère mobile. Les groupements stables font souvent leur apparition dans la langue à la suite de la lexicalisation des groupements libres, c'est-à-dire à la suite de leur passage aux unités lexicales. Tel est le cas des locutions laver la tête à qn, prendre le taureau par les cornes, mettre les bâtons dans les roues et d'une quantité d'autres.

La classification des locutions phraséologiques élaborée par V. Vinogradov est plus complète que celle de Ch. Bally. Selon le degré de la soudure de leurs parties composantes, selon le degré de leur cohésion sémantique il répartit tous les groupements stables en trois grandes catégories: combinaisonsphraséologiques («фразеологические сочетания»), locutions soudées («фразеологические сращения») et ensembles phraséologiques («фразеологические единства»).

À l'heure actuelle l'intérêt porté aux problèmes de la phraséologie ne cesse de croître.

1.1. Types structurels de locutions.

  • les locutions non-prédicativcs qui ne constituent pas de phrases : en effet, à la fois, nuit blanche, bête à pleure à la queue leu leu, comme quatre;

  • les locutions partiellement prédicatives dont l'élément principal est suivi d'une subordonnée, partie prédicative crier comme un aveugle qui a perdu son bâton, avoir les dents qui raclent le plancher, au temps où Berthe filait;

  • les locutions prédicatives qui se présentent comme phrases sous deux formes:

        • proverbiale: comme on fait son lit, on se couche , c'est an fruit qu’on connaît l'arbre, la fortune vient en dormant, la nuit tous les chats sont gris, on ne badine pas avec l'amour, qui vivra verra;

        • non proverbiale: il était temps ‘c'était le dernier moment’, qu 'à cela ne tienne! ‘peu importe', ça va pas la tête? ‘est-ce que tu es fou?’, on aura tout vu! ‘c'est invraisemblable’, il ne Га pas volé ‘il l'a bien mérité, c'est bien fait pour lui’.

1.2. Types fonctionnels de locutions.

          • Les locutions non communicatives qui ne comportent pas d'énoncés :

  • nominatives:

        • substantives qui jouent le rôle des substantifs : coup d'état, homme de paille, fils à papa, pierre de touche;

        • adjectives : à succès, sans gêne, sain et sauf, terre à terre, de fond, hors ligne, dernier cri, pur sang, plein à craquer, bête à manger du foin, beau comme le jour;

        • adverbiales : à l'œil, au fond, à fond, de toute façon, à tout casser, bel et bien;

        • infinitives : ouvrir les bras à qqn., se casser la tête, la couper à qqn., tenir debout, dormir comme une marmotte, tirer les marrons du feu ;

  • les locutions à valeur d'interjections : allez-y!, allons donc!, que diable!, mon Dieu!, ça par exemple!, tu parles!;

  • les locutions à valeur modale: sans doute, d'ailleurs, bien sûr, en somme, tout compte fait.

    • Les locutions communicatives. Par exemple: il ne faut pas réveiller le chat qui dort; il n'y a pas de fumée sans feu; ça ne casse rien, voilà (c 'est là) le hic; la parole est d'argent, mais le silence est d'or.


2. Combinaisons phraséologiques. Pour un grand nombre locutions, appelées combinaisons phraséologiques, la cohésion, est relativement faible. Les mots constituant les combinaisons phraséologiques conservent en grande partie leur indépendance du fait qu'ils s'isolent distinctement par leur sens. Les combinaisons phraséologiques se rapprochent des agencements de mots libres par l'individualité sémantique de leurs composants. Elles s'en distinguent cependant par le fait que les mots-composants restent limités dans leur emploi. Généralement un des composants est pris dans un sens lié tandis que l'autre s'emploie librement en dehors de cette locution. L'usage a consacré rompre les liens d'amitié et briser les liens d'amitié à l'exclusion de déchirer les liens d'amitié ou casser les liens d'amitié quoique déchirer et casser soient des synonymes de rompre et de briser. Il est correct de dire désirer ardemment et aimer éperdument, et non inversement.

Certaines combinaisons phraséologiques sont le résultat de l'emploi restreint, parfois unique, d'un des composants qui est monosémique. Ainsi avec ouvrable nous avons seulement jour ouvrable, avec saur - hareng saur (1. ‘копченая сельдь’; 2. ‘кожа да кости, худющий’), avec baba - rester ou être, demeurerbaba (‘остолбенеть, обалдеть’ ), avec noise - chercher noise (‘искать ссоры, ссориться’), avec coi - rester et se tenir coi (‘сидеть смирно, притихнуть’) .

Souvent les combinaisons phraséologiques apparaissent à la suite de l'emploi restreint d'un des composants, qui est polysémique, dans un de ses sens, propre ou dérivé. Tels sont, d'un côté, eau stagnante (‘стоячая вода’), eau douce (‘пресная вода’) et une mine éveillée(‘смышленое лицо’), blesser les convenances (‘не соблюдать правила приличия’), de l'autre.

Mais la plupart des combinaisons phraséologiques sont créées à par­tir de l'emploi imagé d'un des mots composants : un travail potable (‘сносная, приемлемая работа’), un spectacle imbuvable (‘никудышный спектакль’), un temps pourri (‘дождливая погода’), être noyé de dettes (‘погрязнуть в долгах’), éparpiller ses efforts (‘разбрасываться’), un nuage de lait(‘чуточку молока (чтобы залить чай, кофе)’), sauter sur l'occasion (‘воспользоваться случаем, ситуацией’).

Les combinaisons phraséologiques sont caractérisées par l'autonomie syntaxique de leurs composants, les rapports syntaxiques entre ces com­posants étant conformes aux normes du français moderne,

Notons que les combinaisons phraséologiques permettent la substitution du composant à sens lié par un autre vocable sans que le sens des locutions change. À côté de être noyé de dettes on dira être abîmé, cousu, criblé, perdu de dettes ; on peut faire un choix entre engager et lier la conversation, entreprendre (‘завязать беседу’), surprendre et trouver en faute(‘поймать с поличным, на месте преступления’).

3. Idiomes. Les idiomes sont des locutions dont le sens global ne coïncide pas avec le sens des mots composants. Contrairement aux combinaisons phraséologiques les idiomes présentent un tout indivisible dont les éléments ont perdu leur autonomie sémantique. D'après leur fonctionnement syntaxique ils sont tantôt des équivalents de mots et jouent, par conséquent, le rôle d'un terme de la proposition : enveloppe mortelle - « corps humain considéré comme l'enveloppe de l'âme », matière grise - « intelligence », un(e) laissé(é) pour compte -« person­ne abandonnée à son sort », faire grand cas de qqch - « apprécier qch », jeter de l'huile sur le feu, d'une seule traite - « sans interruption », à la carte - « qui tient compte des goûts, des désirs de chacun », tantôt des équivalents d'une proposition dont les éléments conservent une certaine autonomie syntaxique : il n ' y a plus que le nid, l'oiseau s'est envolé (‘его и след простыл; поминай как звали!’), il n’y a pas de rosеs sans épines (‘нет розы без шипов = любишь кататься, люби и саночки возить’).

D'après le degré de leur motivation on distingue deux types d'idiomes : les locutions soudées et les ensembles phraséologiques.

3a). Les locutions soudées, ou soudures, sont les plus stables et les moins indépendantes. Elles ne se laissent guère décomposer et le sens ne découle nullement de leur structure lexicale. Leur sens est conventionnel tout comme le sens d'un mot immotivé. Parmi les soudure viennent se placer des expressions figées telles que aller au diable Vauvert (‘отправиться к черту на кулички’), avoir maille à partir avec qn (‘не ладить, не поделить что-то с кем-то’), marquer un jour d'une pierre blanche (‘отметить как радостное событие’), ne pas être dans son assiette, à la queue leu leu (‘гуськом, друг за другом’) et beaucoup d'autres. Le sens général de toutes ces locutions ne saurait plus être expliqué dans français moderne par le sens des mots-composants. Seule une analyse étymologique permet de rétablir le lien sémantique effacé entre le sens réel de l'expression et celui des composants. En effet, la locution marque un jour d'une pierre blanche qui signifie « être heureux pendant un jour » vient d'une croyance, oubliée depuis, remontant aux anciens Romains pour qui la couleur blanche symbolisait le bonheur. L'expression aller au diable Vauvert dont le sens est « aller fort loin, se perdre, disparaître » se rattache à l'ancien château de Vauvert, situé aux environs de Paris, qui sous le règne de Louis XI passait pour hanté par le diable. La locution à la queue leu leu qui s'écrivait d'abord à la queue le leu, leu est l'ancienne forme de loup, voulait dire « à la queue du loup » ; aujourd'hui elle signifie « à la file, un par un », ainsi que marchent les loups.

Les locutions soudées comportent souvent des mots tombés en désué­tude. Tels sont assiette - « manière d'être assis », dans l'expression n 'être pas dans son assiette ; leu - « loup » dans à la queue leu leu ou bien maille et partir dans avoir maille à partir avec qqn maille désignait sous les Capétiens la plus petite des monnaies et partir signifiait « partager » ; nommons encore prou, mot de la vieille langue qui signifie « beaucoup », et qui s'est conservé dans l'expression ni peu ni prou — « ni peu ni beaucoup, en aucune façon ». On rencontre aussi des mots à sens archaïque, oublié depuis longtemps. Ainsi le mot étoffe avait encore au XVIe siècle un sens très étendu, désignant toute matière composante ; on disait qu une maison était faite de bonne étoffe ou qu'un vase était d'une étoffe précieuse, etc. ; ce mot avait aussi un sens plus abstrait dans l'expression avoir de l'étoffe qui signifie de nos jours « avoir de hautes capacités ».

Certaines locutions soudées contiennent des archaïsmes grammaticaux. Signalons l'absence de l'article devant le substantif dans avoir maille à partir, l'absence de la préposition dans à la queue leu leu.

Beaucoup de locutions soudées ne renferment point d'archaïsmes d'aucune sorte et cependant on ne réussit pas à faire dériver leur acception actuelle du sens des mots-composants. Cela tient souvent à ce que l'ex­pression présentait autrefois une image qui s'est effacée par la suite. C'est ainsi l'expression prendre la mouche qui a le sens de « se piquer, s'emporter brusquement et mal à propos » ; cette expression s'appliquait d'abord aux animaux, aux chevaux et aux bœufs qui trépignent, s'agitent et s'irritent lorsqu'une mouche les pique. En employant la locution battre son plein, qui à l'origine est un terme de marine, on n'évoque plus l'image de la marée qui, ayant atteint son maximum, sa plénitude, demeure quelque temps stationnaire.

À l'origine des soudures il peut y avoir quelque usage ancien, disparu. Telle est l'expression rompre la paille avec qqn qui veut dire « se brouiller avec qqn » par allusion à un usage antique qui consistait à rompre la paille et à la jeter pour signaler qu'on renonçait à toute relation avec la personne dont on voulait se séparer.

Certaines soudures ont à leur base quelque fait historique ou un épisode littéraire oubliés. Tel est le cas de la locution mettre au violon dont le sens est « mettre dans une prison ». Cette expression est basé sur le fait que la prison du baillage du Palais (de Justice) servait spécialement à enfermer les pages, les valets, etc., qui troublaient trop souvent, par leurs cris et leurs jeux, les audiences du parlement. Dans cette prison il y avait un violon destiné à charmer les loisirs forcés des pages et des laquais qu'on y renfermait pendant quelques heures. Ce violon devait être fourni, par stipulation de bail, par le luthier des galeries du Palais. C'est de cet usage, qui remonte au temps de Louis XI, qu'on a appelé violons les prisons temporaires, annexées à chaque corps de la ville. Le sens de l'expres­sion être le dindon de la farce qui correspond à « être finalement dupe » remonte à une de ces nombreuses farces du Moyen Âge où les pères trop crédules que leurs fils peu respectueux trompaient et bafouaient avaient reçu le surnom plaisant de pères dindons par allusion à ces oiseaux dont la sottise était reconnue de tout temps.

Parfois c'est un préjugé causé par l'ignorance ou par une fausse croyance qui est à l'origine d'une locution soudée. C'est ainsi que courir comme un dératé voulant dire « courir extrêmement vite » provient de lacroyance remontant aux anciens Grecs et Romains qu'un coureur dont la rate est réduite et ne gonfle pas peut donner son maximum de vitesse. On explique de façon suivante le sens de l'expression tirer le diable par la queue - «en être réduit aux derniers expédients» : l'homme arrivé au bout de ses ressources finit par recourir à l'assistance du diable ; mais celui-ci refuse tout secours au malheureux qui l'implore, et lui tourne ledos afin d'aiguiser son désir et l'induire davantage en tentation ; exaspéré l'autre le tire par la queue.

Les soudures subissent parfois l'action de la fausse étymologie, ce qui tient à une tendance psychologique à prendre conscience du sens caché d'un vocable, à se rendre compte et s'expliquer sa structure matérielle, son enveloppe sonore. Nous avons déjà signalé que la locution au dia­ble Vauvert devient dans le langage populaire au diable ouvert ou tout simplement au diable vert, le mot Vauvert étant dépourvu de sens dans le français d'aujourd'hui. La vieille expression tomber dans les pâmes - « se pâmer, tomber en pâmoison, perdre connaissance », a été changée en tomber dans les pommes qui appartient à présent au style familier.

Les soudures qui sont des locutions figées par excellence autant par leur sens que par leur structure ne souffrent pas la substitution de quelque vocable à leurs éléments composants. Il n'est pas possible de remplacer à son gré un des composants d'une locution soudée par un autre mot, un synonyme. Dans n'avoir pas froid aux yeux qui signifie «avoir de l'audace » yeux ne peut être remplacé par mirettes. L'expression monter sur ses grands chevaux qui a le sens de « se mettre en colère, partir en guerre contre qqn » ne pourrait être changée en monter sur ses énormes chevaux.

Par leur structure lexicale certaines locutions soudées correspondent à des agencements libres ; (cf. : il a de l'étoffe, ce jeune homme et j'ai une belle étoffe pour me faire une robe). Ces agencements de mots confrontés sont essentiellement distincts dans le français moderne et se trouvent en rapports d'homonymie.

La plupart des soudures ont dans la langue une valeur expressive, émotionnelle. Elles sont largement utilisées comme moyen stylistique dans les œuvres littéraires. Cependant l'effacement de l'image primitive des locutions soudées entraîne parfois la perte de la valeur expressive qui leur était propre autrefois. Tels sont bouc émissaire, à la queue leu leu qui paraissent être dans le français moderne des dénominations directes dépourvues de toute expressivité. D'autres locutions, qui avec le temps se sont soudées à la suite de l'effacement du sens primitif de leurs compo­sants, n'avaient jamais eu de valeur expressive ; il en est ainsi pour faire grand cas de qqch (‘высоко ценить, высоко ставить ’), avoir raison de qn, qch. (‘взять верх над…; справиться, устранить ’), etc.

3b). À l'encontre des soudures le sens général et réel des ensembles phraséologiques se laisse plus ou moins révéler à travers le sens de leurs mots-composants. Telles sont les expressions : passer l'éponge qui signifie «oublier, pardonner», rire du bout des lèvres ou «sans en avoir envie», avoir la langue liée, c'est-à-dire « avoir un motif qui ne permet pas de dire qch ».

Les ensembles phraséologiques absorbent l'individualité des mots-composants sans toutefois les priver de sens ; au contraire, le sens global des ensembles phraséologiques découle plus ou moins nettement du sens des mots-composants sans y correspondre exactement.

La plupart des ensembles se comprennent d'eux-mêmes. Telles sont les locutions conte (récit) à dormir debout, ou «qui donne une envie de dormir irrésistible»; tirer (à quelqu'un) une épine du pied qui signifie «délivrer d'un grand embarras»; en mettre sa main au feu, c'est-à-dire « soutenir quelque chose par tous les moyens et avec une entière conviction » ; se laisser manger la laine sur le dos, ou «se laisser dépouiller ou injurier sans résistance» ; laver son linge sale en famille qui veut dire «liquider en secret les scandales, les différends qui surgissent dans une famille, dans un groupe social quelconque» ; lire entre les lignes, «deviner ce que l'auteur laisse entendre» ; avoir la langue bien pendue ou «parler avec facilité» ; n 'avoir ni feu ni lieu qui signifie «être extrêmement pauvre et sans asile ».

Cependant un certain nombre d'ensembles renferment une allusion à quelque événement historique, quelque fait littéraire, mythologique ouautre qu'il est indispensable de connaître pour en comprendre le sens réel. C'est ainsi que pour comprendre le sens de la locution moutons de Panurge qui désigne ceux qui agissent par esprit d'imitation, il faut se souvenir du fameux épisode du Pantagruel de Rabelais où le spirituel Panurge pour se venger des injures du marchand de moutons Dindenault lui achète une de ses bêtes et la précipite dans la mer ; imitant le mouton en train de noyer, tous les autres moutons se jettent l'un après l'autre à l'eau, tandis qn Dindenault, voulant retenir le dernier, est entraîné avec lui dans l'abîme.

Afin que le sens de la locution revenir (ou retourner) à ses moutons qui veut dire actuellement « reprendre un discours ou une conversation interrompue, revenir à son sujet » apparaisse nettement il faut connaître la célèbre Farce de Maître Pathelin où le juge rappelle aux plaideurs la cause première de leur querelle (il s'agit de moutons) en répétant : « Sus ! revenons à nos moutons ! ». C'est précisément à la forme impérative que cette locution est surtout employée.

La locution coiffer sainte Catherine qui signifie « rester vieille fille » ne peut être comprise qu'à condition de connaître l'antique usage de certains pays catholiques (Espagne, France, Italie) qui consistait à coiffer dans les églises la statue de sainte Catherine (la patronne des vierges) ; le soin de la parer étant confié à des jeunes filles, cette mission qui est agréable à seize ans ne l'est plus à vingt-cinq quand on risque de ne plus trouver de mari.

Le sens de l'expression lever le lièvre, c'est-à-dire « faire le premier une proposition, émettre une idée que les autres n'avaient pas » devient clair si l'on tient compte de ce qu'elle tire son origine de la chasse au lièvre où lever signifie « faire sortir du terrier ».

Parmi les ensembles phraséologiques vient se classer un grand nombre de comparaisons imagées qui sont bien typiques de la langue française. Cesont des expressions très usitées telles que : manger comme quatre, être têtu comme un âne, marcher comme une tortue, dormir comme une Marmotte, pleurer comme une fontaine, être comme un poisson dans l'eau, rester muet comme un poisson, traiter qqn comme un chien, s'emporter comme une soupe au lait(‘быть очень вспыльчивым, вспылить’), se soucier de qch. comme de ses vieux souliers (‘плевать на что-то), souffler comme un bœuf (‘пыхтеть, запыхаться’), les cheveux frisent comme des chandelles (‘волосы, прямые как конский хвост’), se ressembler comme deux gouttes d'eau, être sage comme une image (‘быть паинькой’), être habillé comme un fagot (‘безвкусно одеваться’), être vieux comme les rues(‘очень старый’), trembler comme une feuille, être maigre comme un clou, être long comme un jour sans pain, être bon comme le pain(‘быть добрейшим человеком’), .

Ces expressions sont généralement très concrètes et leur sens se laisse facilement comprendre. La comparaison que renferment ces ensembles phraséologiques forme leur intégrité.

L'intégrité des ensembles phraséologiques peut être créée dans la langue française par d'autres éléments composants : par la présence dans la locution de mots sémantiquement apparentés : parler clair en net, c' est à dire « d'une façon intelligible », ne remuer ni pied ni patte, ou « rester complètement immobile », tomber de fièvre en chaud mal - « tomber d'un mal dans un pire », jeter feu et flamme - « s'emporter violemment » ; par la présence d'antonymes : c 'est le jour et la nuit - se dit de deux choses très différentes, entre ciel et terre - « à une certaine hauteur, en l'air », aller du petit au grand - « commencer par de petites choses, pour arriver à de plus grandes », passer du blanc au noir - « passer d'une extrémité à l'autre », faire la pluie et le beau temps - « être influent, puissant », cela ne lui fait ni chaud ni froid - « cela lui est indifférent », discuter le pour et le contre - « discuter les deux opinions contraires ». L'intégrité de la locution est due souvent à ce que les éléments composants sont liés par un rapport réel et objectif: de fil en aiguille, c'est-à-dire « de propos en propos, d'une chose à l'autre », avoir bec et ongles - « être en état de se défendre », se donner corps et âme - « se donner entièrement, sans réserve », gagner des mille et des cents - « gagner beaucoup d'argent ».

Parfois l'intégrité de la locution est formée par un effet phonique ; par l'allitération : conter monts et merveilles - « conter des choses qui provoquent l'admiration », n 'avoir ni bure ni buron (buron - «hutte de berger»), c'est-à-dire «n'avoir pas même le vêtement, l'habit le plus humble », n 'avoir ni vent ni voie de qqn - « n'avoir aucune nouvelle de qn », demander qqch à cor et à cri - « en insistant bruyamment pour l'obtenir », prendre ses cliques et ses claques - « s'en aller promptement » ; par rime : n 'avoir ni feu ni lieu - « être sans abri, sans gîte», n 'avoir ni foi ni loi - « n'avoir ni religion ni conscience ».

Les dictons et les proverbes se laissent aussi ranger parmi les ensembles phraséologiques : Il n'y a point de sots métiers ; à quelque chose malheur est bon ; la nuit porte conseil.

Les ensembles phraséologiques signalés ci-dessus représentent des locutions imagées à valeur affective. Les ensembles de ce genre sont largement utilisés dans des buts stylistiques comme moyens expressifs. Toutefois il existe un grand nombre d'ensembles phraséologiques dépourvus de nuances affectives et ne contenant point d'image, tout au moins d'image pertinente; ces ensembles représentent des dénominations directes d'objets et de phénomènes de la réalité. Ils sont fort typiques du français moderne dont les tendances analytiques sont très prononcées. Parmi ces locutions les plus répandues sont les locutions nominales, dont col blanc (‘employé’), col-bleu (‘1. marin ; 2. ouvrier’), homme d'affaires, autoroute de liaison (‘междугородная магистраль’), bande magnétique, bilan de santé (‘результаты медицинского обследования, диспансеризации’), emballage perdu (‘безвозвратная тара’), boîte noire, premier (deuxième, troisième) âge. Nombreuses aussi sont les locutions verbales et adverbiales qui servent àdénommer directement divers phénomènes ou aspects de la réalité: perdre pied (1.‘не доставать дна ногой’; 2. ‘оступиться’), lâcherprise(1. ‘выпустить из рук (добычу), отпустить’; 2. ‘уступить, отказаться от дальнейших попыток’), êtreauxprisesavecqqnouqch(‘бороться, драться, сражаться с… ’), mettre qqn dans l'embarras, prendre qqn au dépourvu (‘застать врасплох’), chercher ses mots ; en fin de compte, en bras de chemise (‘без пиджака, в одной рубашке’), à part entière (1. ‘полностью’; 2. ‘полноправный’), cousumain(1. ‘шитый на руках’; 2. очень тонкая работа), (opération) à cœurouvert(‘операция на сердце’).

À l'encontre des groupements soudés, les ensembles phraséologiques sont généralement formés conformément aux normes syntaxiques du français moderne, ils ne renferment guère de mots et de tournures vieillis, archaïques. Les ensembles phraséologiques admettent parfois la substitu­tion d'autres mots à l'un de leurs mots-composants sans que le sens de la locution entière change. Ainsi il existe plusieurs variantes de l'expression dormir comme une marmotte : on peut dire également dormir comme un loir , dormir comme une souche, dormir comme un sonneur, dormir comme un sabot. Il en est de même pour pleurer comme une fontaine dont la variante est pleurer comme une Madeleine. On dit pareillement être triste comme un bonnet de nuit ou être triste comme une porte de prison, avoir le cœur gros ou avoir le cœur serré, monter sur les planches ou monter sur les tréteaux.

Les ensembles phraséologiques admettent dans certains cas la trans­position de leurs mots-composants sans que le sens du tout change ; on dit aussi bien un temps de chien qu' un chien de temps, entendre pousser l'herbe qu' entendre l'herbe pousser.

Des cas se présentent lorsque l'un des mots-composants de quelque ensemble phraséologique est déterminé par un terme de la proposition ne faisant point partie de cet ensemble :

Je n 'ai pas à mettre mon petit grain de sel mais, vous voyez, je me tords de toutes les avanies qu 'elle vous prodigue. (Proust) (mettre un grain de sel sur la queue d’un moineau - ‘сделать невозможное = подковать блоху’).

De même que pour les groupements soudés la structure lexicale des ensembles phraséologiques peut correspondre à celle des agencements libres (cf. : tirer une épine du pied et laver son linge sale en famille au sens direct et figuré).
4. Variantes phraséologiques. Un des traits particuliers de la phraséologie française est la variabilité de ses unités. En effet, un grand nombre de locutions phraséologiques est sujet à des modifications tant sur leur structure formelle. Ces modifications ne sont que partielles, elles ne portent atteinte ni au sens, ni à l'image qui en principe restent les mêmes.

Quant aux modulations stylistiques, elles ne détruisent pas l’intégrité des locutions phraséologiques (se mettre / se foutre en colère).

Les variations affectent parfois la structure grammaticale des locutions phraséologiques. Basées sur le même lexique, les variantes synonymes diffèrent:

  1. par l'emploi du déterminatif (article ou adjectif possessif): perdre la raison (sa raison); la main (sa main) droite ne sait ce que fait la main gauche (sa main gauche); écorcher une anguille ( l'anguille) par la queue (1. ‘начать с самого трудного’; 2. ‘начать дело с конца, наоборот’) ;

  2. par le nombre du substantif:avoir la dent longue (les dents longues); jouer de la mâchoire (des mâchoires); tailler une bavette (des bavettes);

  3. par l'emploi des prépositions:être dans la (en) dèche ( déchéance) ; n'être pas dans (en) son assiette; mettre dans (sur, en) la balance.

  4. par l'emploi des formes pronominales ou non pronominales des verbes: se donner (donner) du mal (à qn.); se mettre( mettre) à la tête;

e)par l'emploi de la négation:bien mal acquis ne profite guère (pas) (‘чужое добро впрок не идет’); l'affaire n'est pas (plus) sur le pont (‘l'affaire n'est pas pressée’).

Les variantes lexico-grammaticales basées sur le lexique rapproché, mais différent par leurs formes grammaticales:se tordre de rire - rire a se tordre(‘корчиться от смеха’); rire a s'en tenir les côtes - se tenir les côtes de rire; être collant - être une colle; être bassin - être une bassinoire; être sciant - être une scie (importuner qn); baisser l'oreille - porter bas l'oreille - avoir l'oreille basse (s'attrister).

Très souvent c'est la composition lexicale qui varie. L'envergure sémantique du composant variable est très large. Ce peuvent être ou bien des synonymes :

a) à composant nominal différent: ne pas desserrer les dents(les lèvres); avoir le cœur sur la bouche (les lèvres, la main) ; saper les bases ( fondements) de... ; jeter des perles aux cochons(aux pourceaux); face (visage) de carême(‘постная мина’),

b)Les variantes synonymes à composant verbal différent: prêter (dresser, tendre) l'oreille; être tout yeux (tout oreille); rompre (casser) la tête; pencher (plier, baisser) la tète; donner (gager, mettre,parier) sa tête a couper; chanter (crier, pleurer) misère etc. ; abandonner (quitter) la partie.

Mais aussi ce peuvent être des vocables à valeur sémantique éloignée :mettre (réduire) à la besace (‘довести до сумы, пустить по миру’) ; couper (manger) son blé en herbe (‘проживать заранее свои доходы; действовать, не заглядывая вперед’); faire flèche (feu) de tout bois (1.‘пускать в ход все средства, не брезговать никакими средствами’) ; parler à un sourd (à un mur, aux rochers). Toutefois le plus souvent ce sont des vocables à sens plus ou moins voisin parmi lesquels des dénominations d'animaux : brider son cheval (son âne) par la queue (‘взяться за дело не с того конца’) ; ne pas se trouver dans le pas d'un cheval (d'un âne, d'un mulet) (‘не валяться под ногами, на каждом шагу’); donner sa langue aux chats (aux chiens) (‘признать себя неспособным найти решение, разгадку, ’) ; un froid de loup (de canard) ; des
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