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Лексикология методичка. Учебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса


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НазваниеУчебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курса
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II . RÉSUMÉ



1. Formation des mots nouveaux comme moyen de l’enrichissement du vocabulaire français. La formation des mots est à côté de l'évolution sémantique une source féconde de l'enrichissement du vocabulaire français. Parmi les causes de la formation des mots nouveaux il faut nommer en premier lieu les changements perpétuels survenus à l'intérieur de la société, les innovations multiples qui exigent une dénomination. L'absence du mot voulu en nécessite la création.

De nos jours la « créativité » est devenue particulièrement intense. Cela s'explique, d'une part, par la révolution scientifique et technique d'autre part, par l'accès des larges masses à l'enseignement, aux média.

Sur quelle base repose la créativité lexicale ? Tout mot nouvellement créé doit être compris, c'est pourquoi il tend à définir dans une certaine mesure l'objet ou le phénomène qu'il désigne ; il est nécessairement motivé à l'origine (cf. les néologismes un lunaute, l' hyperréalisme, la grammaticalité, un lève-tard, un lave-vaisselle, un sans-emploi, sous-payer, théâtraliser /un roman/).

Sous l'influence de l'anglais, apparaît un nouveau modèle de formation de mots composés : nord-africain, sud-américain qui sont les équivalents des groupements de mots « de l'Afrique du nord », « de l'Amérique du sud ».

Parmi les moyens productifs de la formation des mots, on doit citer en français moderne l’affixation, ou formation morphologique des mots, (boxeur, sportif, relire), la conversion, ou formation morphologo-syntaxique des mots, (pouvoir le pouvoir, élu les élus), et la composition des mots qui revêt en français moderne un caractère syntaxique très prononcé (lance-parfum, vaisseau-spoutnik). On doit distinguer les modèles de formation morts et vivants. Le modèle est vivant, si le sens des morphèmes est clair, du moins perceptible. Ainsi les mots simplifiés alouette, tabouret, corset, remercier, regarder, débauche, désastre ne se décomposent pas actuellement en morphèmes (radical et affixes). Dans ces mots les affixes –et, -ette, -re, dé- sont morts. Pourtant les mêmes affixes sont vivants dans les mots maisonnette, garçonnet, refaire, repenser, désatomiser.

Les procédés de formation des mots pourraient être répartis en quelques types : procédés morphologiques, phonético-morphologiques et phonétiques. Les premiers englobent dérivations affixale (suffixation et préfixation), parasynthétique, régressif, impropre, la composition ; les seconds - les télescopages, l'abréviation ; le dernier — l'onomatopée ; ajoutons encore le redoublement et la déformation des mots.

2. Dérivation par suffixes. Généralités. La dérivation suffixale est un procédé de formation bien vivant et particulièrement productif dans le français contemporain.

Les parties du discours sont à un point différent sujettes à la suffixation. Ce sont surtout les nominaux (substantifs, adjectifs) qui sont caractérisés par la suffixation. Les verbes formés à l'aide de suffixes sont relativement moins nombreux.

2a). Suffixation des substantifs. Suffixes servant à former des substantifs abstraits. Les suffixes des substantifs sont fort nombreux. D'après leur fonctions ils se laissent répartir en plusieurs groupes plus ou moins considérables. Nombreux sont surtout les suffixes formant des substantifs à sens abstrait, tels que l'action et la qualité.

Examinons à part ces deux groupes de suffixes.

Ce sont tout d'abord les suffixes des substantifs exprimant l'action envisagée en dehors de son rapport avec l'agent de l'action de même que d'autres sens proches ou dérivés.

Parmi les suffixes formant des substantifs désignant l'action les plus productifs sont -ation, -(e)ment, -âge.

  • Une des premières places revient au suffixe -ation avec ses variantes -ition, -tion, -ion provenant du latin -ationem, -itionem, -tionem, -ionem. Ce suffixe, et surtout ses variantes -ation, et -isation, est très répandu et productif dans le français contem­porain. Le nombre de ses dérivés augmente constamment et enrichit avant tout le lexique à valeur sociale et politique. On peut signaler les dérivés récents tels que : alphabétisation, africanisation, balkanisation, cartellisation, climatisation, clochardisation, cohabitation, culpabilisation, cybernétisation, dynamisation, informatisation, ghettoïsation, médicalisation, monétarisation, marginalisation, périodisa-tion, sécurisation, structuration, transistorisation, professionnalisation.

Étymologiquement les substantifs avec ce suffixe sont des emprunts au latin ou des dérivés de verbes ; en français moderne ils se trouvent pour la plupart en corrélation avec des verbes : exploitation exploiter ; amélioration améliorer ; distribution distribuer ; progressionprogresser. Plus rarement ils sont en corrélation avec d'autres parties du discours, tels certains dérivés avec la variante -isation : planétisation planète, tiers-mondisation tiers monde, piétonisation piéton(ne).

Outre l'action les dérivés avec ce suffixe peuvent exprimer l'instru­ment de l'action : procuration - « qui sert à procurer qqch » ; l'objet ou le résultat de l'action : fondation - « ce qui est fondé » ; le lieu où l'action s'effectue : habitation - « lieu que l'on habite ».

Les dérivés avec ce suffixe peuvent exprimer un processus : germination, évaporation, cicatrisation, habituation. Il peuvent rendre aussi l’état : hésitation, exaltation, humiliation, humanisation.

  • Le suffixe -(e)ment, du latin -amentum, fort productif durant des siècles semble perdre son ancienne vitalité. Au cours du temps il donné un grand nombre de dérivés, dont beaucoup appartiennent aux terminologies technique, industrielle et agricole ; tels sont, par exemple déraillement, fusionnement, effritement, assolement. Parmi les formations récentes citons : chamboulement, contingentement, plafonnement, positionnement.

Les substantifs avec ce suffixe sont presque exclusivement des dérivés de verbes, avec lesquels ils se trouvent en corrélation : raisonnement raisonner ; applaudissement applaudir.

Le suffixe -(e)ment forme un groupe de dérivés qui désignent des cris d'animaux, des bruits différents ; par exemple, aboiement, bêlement, beuglement, gloussement, coassement, croassement, gazouillement, hennissement, hurlement, rugissement, chuchotement, claquement, craquement, grincement, sifflement, tintement, vrombissement, etc.

Outre l'action les dérivés avec ce suffixe peuvent exprimer le résultat de l'action : bâtiment, ou parfois l'objet de l'action : ornement, accoutrement, enjolivement, le lieu où s'effectue l'action : logement.

Les dérivés avec le suffixe -(e)ment peuvent encore exprimer un processus: bourgeonnement, caillement, épanouissement ; un état : épouvantement, attendrissement, mécontentement, découragement.

  • Le suffixe -âge du latin -aticum est un autre suffixe particulièrement productif. Son pouvoir créateur en français moderne s'explique par son rôle particulier en tant que formateur de termes techniques et industriels : zingage - «цинкование », taraudage - «нарезывание винтовой насечки», bétonnage - «бетонирование», badigeonnage -«крашение клеевой краской», rentrayage - «художественная штопка» clonage, etc.

La majorité des substantifs avec -age sont dérivés de verbes avec lesquels ils sont en corrélation : arrosage arroser, labourage labourer, blanchissage blanchir, grenouillage grenouiller.

Parmi les dérivés avec le suffixe -age qui expriment l'action on trouve un groupe désignant «la manière de parler», «le discours ayant une caractéristique supplémentaire» : bredouillage, bavardage, chuchotage, baragouinage, etc.

II est à remarquer qu'à l'aide du suffixe -age on forme des substantifs qui signifient presque exclusivement l'action.

Signalons pourtant cocuage, esclavage, servage, veuvage, qui dans le français d'aujourd'hui des dérivés avec un suffixe -age homonyme, car ils représentent un autre modèle de formation. (Ce suffixe s'ajoute régulièrement à des substantifs ou des adjectifs et communique lui-même le sens d'un état.)

Outre ces suffixes qui sont parmi les plus productifs il y en a d'autres dont la productivité s'est considérablement affaiblie. Tels sont les suffixes :

-erie dont les dérivés expriment des actions de caractère défavorable : agacerie, criaillerie, vanterie, tuerie, tromperie, etc. ;

-erie - homonyme du précédent, dont les dérivés désignent
un métier, une industrie, un genre de commerce, et aussi le lieu où l'on fabrique, où l'on vend un produit quelconque : chaudronnerie, chapellerie, ganterie, boulangerie, crémerie, fromagerie, etc. ;

-ance (-ence), dont les dérivés expriment des actions différentes surveillance, obéissance, délivrance, vengeance, préférence, référence ou l'état : souffrance, repentance, somnolence ;

-ée qui a donné un groupe de dérivés exprimant des actions accomplies dans l'espace : tombée, montée, traversée, rentrée, arrivée, tournée et un autre groupe de dérivés exprimant des actions réitérées : brossée, frottée — «град ударов», rossée, tripotée ;

-ade formant un groupe de dérivés exprimant des mouvements ou des actions accomplies dans l'espace : débandade, reculade, galopade, glissade, roulade, promenade, ruade. Un autre groupe de dérivés avec ce suffixe exprime des actions représentant « une façon de tirer, de faire feu » ; mousquetade, canonnade, fusillade, arquebusade et dont un troisième groupe de dérivés exprime des actions avec une nuance de sens péjorative : turlupinade, fanfaronnade, bravade, bourrade.

Les dérivés avec le suffixe -is expriment souvent des actions arythmiques, en quelque sorte désordonnées et irrégulières : arrachis - «вырывание молодых деревьев» ; et en particulier des bruits et des sons irréguliers, désordonnés : cliquetis - «бряцание», clapotis - «плеск», gargouillis - «журчание воды» ; ce suffixe manifeste la faculté de communiquer des sens dérivés de l'idée de l'action, et dans ces cas, tout comme dans les précédents, l'action exprimée par la base formative est une action arythmique, irrégulière : gribouillis - «неразборчивый почерк», fouillis, hachis, taillis.

Le suffixe -aison (-ison) forme des dérivés tels que fauchaison, fenaison,fleuraison, guérison qui expriment des actions ou des processus envisagés dans leur durée.

Les dérivés avec le suffixe -ure et ses variantes -ture, -ature, -iture expriment parfois l'action : forfaiture, imposture et principalement le résultat de l'action rendue par le mot de base : échancrure, déchirure, écorchure, piqûre, meurtrissure; ces derniers désignent pour la plupart quelque lésion ou perturbation produite dans la texture d'un objet.

Nommons encore les dérivés avec les suffixes -ie : saisie, sortie, éclaircie, acrobatie ; -isme : journalisme, alpinisme, protectionnisme, culturisme, suivisme (ces dérivés expriment non pas l'action, mais plutôt une activité ou une occupation quelconque) ; -at : attentat, assassinat, crachat.

Des exemples cités il ressort que la majorité des substantifs suffixaux exprimant l'action sont en corrélation avec des verbes : agacerie agacer, surveillance surveiller, montée monter, brossée brosser, reculade reculer ; clapotis clapoter.

Signalons à part les dérivés avec -erie désignant un métier, une industrie, etc., qui sont en corrélation avec des substantifs : chaudronnerie chaudron, ganterie gant.

Comme nous l'avons vu, les suffixes synonymes à l'aide desquels on forme des substantifs exprimant l'action diffèrent par leur productivité, la sphère de l'emploi et les nuances de sens de leurs dérivés.

Un autre groupe est formé par les suffixes dont les dérivés expriment la qualité.

  • Le suffixe le plus répandu et productif de ce groupe est -ité, (e)té du latin -itas, -itatem. La variante de formation savante -ité est plus productive que la variante de formation populaire -(e)té. Ce suffixe a donné un nombre de dérivés qui enrichissent surtout la terminologie scientifique : objectivité, subjectivité, relativité, capillarité, matité, verrucosité, conductibilité, polarisabilité, résistivité, sélectivité et autres.

Étymologiquement les substantifs avec ce suffixe sont dérivés d'adjectifs : rigidité rigide, rugosité rugueux.

Les dérivés avec -ité, -(e)té expriment des qualités (morales et physiques), des propriétés différentes : affabilité, intrépidité, agilité, sua frilosité, littérarité, francité ; clarté, fierté, etc. Certains dérivés avec ce suffixe désignent des objets, des phénomènes, des actions caractérisés par la qualité rendue par la base formative : cavité — «впадина, полость»; mucosité - «слизь» ; joyeuseté - «веселая выходка». D'autres dérivés avec le même suffixe expriment l'état : captivité, invalidité, liberté, oisiveté. D'autres encore des relations diverses : fraternité, rivalité, réciprocité.

  • Le suffixe -ce est assez productif dans le français moderne. Ses dérivés expriment surtout des qualités morales et physiques, des propriété : impertinence, puissance, transparence, aberrance, déficience, brillance, délinquance, pertinence, insouciance.

  • Un autre suffixe productif de ce groupe est -isme, dont les dérivés expriment aussi différentes qualités et propriétés, de même que des états et des relations : patriotisme, héroïsme, bigotisme, primitivisme, dilettantisme, académisme, ilotisme, parasitisme, analphabétisme, antagonisme. Un autre suffixe -isme - homonyme , dont les dérivés expriment des conceptions, des doctrines, ou des écoles différentes : socialisme, marxisme, conformisme, dirigisme, extrémisme, romantisme, réalisme, existentialisme, impressionnisme, symbolisme, fauvisme, abstractionnisme, dadaïsme, intimisme, tachisme, et beaucoup d'autres

Parmi les suffixes moins productifs de ce même groupe mentionnons :

-erie, dont les dérivés expriment principalement des défauts moraux : poltronnerie, niaiserie, effronterie, lâcherie, mesquinerie, canaillerie, dinguerie ;

-esse, dont les dérivés expriment surtout des qualités (physiques et morales) : gentillesse, sveltesse, robustesse, faiblesse, sagesse, hardiesse ;

-eur, dont la plupart des dérivés expriment des propriétés physiques : blancheur, minceur, longueur, hideur, splendeur, froideur ;

-itude (-ude, -tude), dont les dérivés rendent le plus souvent des qualités physiques, des propriétés : promptitude, exactitude, platitude ; certains dérivés avec ce suffixe expriment l'état : solitude, quiétude, inquétude, béatitude, plénitude, lassitude ; l'attitude envers qqnou qqch : gratitude, certitude ;

-ise, dont les dérivés expriment surtout des défauts moraux (ou intellectuels): sottise, fainéantise, gourmandise, vantardise ;

-ation (et ses variantes), dont les dérivés dénomment différentes qualités (ou défauts) : approximation, abomination, discrétion, dévotion, précision, concision ;

-ie,dont les dérivés expriment surtout des qualités morales : modestie, courtoisie, bonhomie, perfidie, infamie, etc. ; l'état et l'attitude envers qqnou qqch : folie, mélancolie, jalousie ;

-ure, dont les dérivés rendent des qualités différentes : droiture, désinvolture.

À quelques exceptions près les dérivés exprimant la qualité sont en corrélation avec des adjectifs.

Parmi les suffixes abstraits nommons encore :

  • ceux à l'aide desquels on forme des substantifs exprimant une fonction, une dignité et parfois aussi un régime gouvernemental, la tanière de gouverner : -at : cardinalat, notariat, rectorat, marquisat ; -ie : tyrannie, monarchie, seigneurie ; -ce : agence, présidence, lieutenance ; -ure : préfecture, magistrature.

  • ceux à l'aide desquels on forme des substantifs désignant
    une branche de la science: -ique : informatique, thérapeutique, sémantique, linguistique ; -ie : pédagogie, philosophie, stratégie, anatomie, chirurgie ; -logie, qui est parmi les plus productifs de ce groupe — allergologie, cancérologie, caractérologie, filmologie, phytologie (étude du milieu : climat, sol,faune), radiologie ;

  • ceux qui servent à former des substantifs désignant une
    maladie, un malaise, un défaut physique : -ie : pleurésie, phtisie, paralysie, anémie, asphyxie, diphtérie ; -isme : alcoolisme, somnambulisme, albinisme, daltonisme, rhumatisme ; -ite : bronchite, appendicite, laryngite, méningite; ajoutons que -ite a acquis récemment un nouveau contenu sémantique : il s'est enrichi d'une valeur métaphorique « manie, habitude maladive » ; dans ce sens -ite a donné une série de dérivés à connotation péjorative ou ironique, dont espionnite, réunionite, sondagite.

2b). Suffixes servant à former des substantifs concrets. Les suffixes des substantifs à sens concret constituent un autre groupe considérable.

Parmi ces suffixes signalons tout d'abord ceux dont les dérivés désignent l'homme d'après quelque caractéristique.

  • Un de ces suffixes les plus productifs de notre époque est -iste dont un grand nombre de dérivés formés de noms communs et de noms propres de personnes désignent l'homme d'après son appartenance à quelque doctrine ou école: anarchiste, humaniste, impressionniste, écologiste gauchiste, droitiste, réformiste, communiste, et dont d'autres dérivés tirés aussi de substantifs désignent l'homme d'après son activité, profession : anatomiste, romaniste, médiéviste, miniaturiste, céramiste culturiste, croisiériste.

  • Les suffixes productifs -eur (-euse) -ateur, -teur (-atrice, -trice) dont les dérivés formés généralement de verbes désignent le plus souvent une personne d'après son occupation ou l'action qu'elle accomplit : travailleur, lutteur, sélectionneur, filmeur, skieur, autostoppeur; monteuse, escrimeuse, basketteuse ; fondateur, filateur, vulgarisateur, animateur ;

  • Les suffixes bien productifs de ce groupe sont aussi -ier, -tier (-ière, -tière) : conférencier, vacancier, grutier, romancier, romancière ; il est à noter que les variantes de ce suffixe -er (-ère) ont perdu leur ancienne productivité : vacher, vachère ; -logue est encore un suffixe fort productif du même groupe; il forme des substantifs désignant l'homme d'après son occupation : radiologue, cosmétologue, océanologue.

Signalons les suffixes moins productifs de ce groupe : -aire : bibliothécaire, publicitaire ;-ien (-ienne) : politicien, musicien, Parisien (-ienne) ; -éen (-éenne): Européen (-enne). Coréen (-enne) ; -ais (-aise) : Anglais (-aise), Français (-aise), Marseillais (-aise) ; -ois (-oise) : villageois (-oise), Suédois (-oise), Chinois (-oise).

Les dérivés de ce groupe sont en corrélation tantôt avec des verbes, tantôt avec des substantifs ou des adjectifs dont ils sont pour la plupart for­més (lutteur lutter ; fermier ferme ; antiquaire antique).

Un autre groupe comprend les suffixes qui servent à former des subs­tantifs désignant des objets ou des produits divers ; ce sont : -er, -ier : oranger, palmier, figuier ; saladier, pigeonnier ; -ière : soupière, saucière, yaourtière ; -ette : sonnette, allumette, bavette, moulinette ; -et : jouet, tnartinet ; -erie : tapisserie ; -ade : citronnade, limonade, orangeade ;-ateur (-teur, -eur) et -euse qui forment des substantifs désignant des machines, des appareils de toute sorte : excavateur, épurateur, aspirateur, interrupteur, répondeur (téléphonique), baladeuse, moissonneuse, faneuse, lessiveuse, visionneuse ; -on désignant des particu­les élémentaires : neutron, positon ; -tron, le second, des appareils : bêtatron, magnetron, cyclotron ; -thèque (du grec thêke - « réceptacle, armoire») : discothèque, ludothèque, médiathèque, vidéothèque.

Un groupe particulier comprend les suffixes qui servent à former des substantifs collectifs désignant une réunion d'objets ou de personnes ou bien une quantité de qqch : -ade : colonnade, balustrade ; -age : feuillage, plumage ; -aie : chênaie, cerisaie, hêtraie ; -at : prolétariat, agglomérat, habitat ; -ée,-etée : bouchée, brassée, assiettée, pelletée ; -erie : verrerie ; -is : cailloutis, lattis ;-aine : dizaine, douzaine, vingtaine ; -ain : quatrain, douzain. Ces dérivés sont tirés de substantifs, d'adjectifs numéraux, rarement de verbes.

À part se situent les suffixes qui confèrent aux dérivés une appréciation subjective ; ce sont les suffixes diminutifs dont la productivité semble reprendre de la vigueur dans le français contemporain : -et, -elet : jardinet, enfantelet ; -elle : ruelle, tourelle ; -on, -eron, -illon : ourson, chaton, moucheron, négrillon ; -aille : mangeaille, valetaille ; -asse : paperasse ; -on: Margoton. De cette façon, la suffixation des substantifs est un phénomène très compliqué et complexe qui peut être illustré par le tableau à la page 52.


Suffixation des Substantifs



à sens abstrait à sens concret



action qualité personne objet




- tion (amélioration)-eur (f) (douceur) -eur (-euse) (bronzeur) -eur (m) (aspirateur)

-ment (lancement) -té (bon) -(a)teur (-trice) (directeur) -euse (lessiveuse)

-age (arrosage) -ité (gravité) -iste (réaliste, socialiste) -ier (cerisier)

-erie (rêverie, tuerie) -esse (sagesse) -ier (-ière) (liftier) -ière (soupière)

-erie(ant.) (laiterie) -ie (modestie) -ien (ne)(physicien) -ette (sonnette)

-ure (brûlure) -isme (dilettantisme) -aire(fonctionnaire) -et (jouet)

-ature (signature) -ence (patience) -éen(ne) (Coréen) -erie (tapisserie)

-ade (fusillade) -ance (constance) -ais(e) (Français, Anglais) -ade (limonade)

-aison(conjugaison) -itude(platitude) -ois(e)(Chinois,Hongrois) -thèque(filmothèque)
-is
(cliquetis) -(it)ude (exactitude) -graphe (bibliographe) -tron (cyclotron)

-ie (sortie, saisie) -tion (discrétion) -cide (homicide) -aie (cerisaie)

-at (attentat) -ise (franchise) -logue (sociologue) -age (feuillage)

-ée(arrivée) -ure (droiture) -ée (assiettée)

-ce (transparence) -aine (dizaine)

-on (neutron)

-ment(bâtiment)
3. Suffixation des adjectifs. La suffixation est aussi un moyens les plus importants de la formation des adjectifs. Un nombre considérable de suffixes communiquent aux dérivés l'idée d'une relation, de l'appartenance à ce qui est exprimé par la base formative. Tels sont : le suffixe -ique exprimant l'appartenance à quelque branche scientifique, à une école ou un genre artistique, à une doctrine ; il exprime aussi l'appartenance à une couche sociale: philosophique, géographique, historique, artistique, poétique, romantique, aristocratique, bureaucratique. Les mêmes sens sont rendus par les suffixes -al, (-ale ; -aux,-ales) et -el (-elle ; -els, -elles): national, colonial, dialectal ; ministériel, industriel ; -aire : révolutionnaire, universitaire ; -iste exprimant l'appartenance à une idéologie, une doctrine, à un parti politique : marxiste, monarchiste, anarchiste, socialiste, réformiste ; -ais (-aise), -ois (-oise) exprimant l'appartenance à un pays, à une localité : français, anglais ; chinois, suédois, champenois ; l'appartenance à des phénomènes différents est rendue aussi par -ien (-ienne), -éen (-éenne), -ier (-ière), -in (-ine) : prolétarien, académicien, ukrainien, européen, financier, féminin ; il en est de même pour le suffixe -ain (-aine) : américain, républicain. Ces dérivés sont tirés de substantifs.

Certains suffixes forment des dérivés également tirés de substantifs et exprimant la qualité ; tels sont les dérivés avec les suffixes –ique : énergique, emphatique, magique ; -al et -el (et leurs variantes) : fondamental, colossal ; mortel, essentiel ; -eux (-euse) : vigoureux, majestueux, merveilleux, cancéreux ; -é(e): azuré, argenté, ambré, ampoulé ; -u(ue) : barbu, charnu, cornu, touffu ; -able : confortable, effroyable, raisonnable; -esque : livresque, romanesque, carnavalesque ; -if (-ive) qui sont en corrélation tan­tôt avec des substantifs, tantôt avec des verbes dont ils sont généralement formés : approximatif approximation, corrélatif corrélation pensif penser, commémoratif commémorer.

Le suffixe -ard (-arde) forme des dérivés tirés surtout de verbes, parfois de substantifs ; il leur confère un sens péjoratif : braillard, criard, grognard, pleurard ; fêtard, soiffard, patriotard.

Les dérivés avec le suffixe -able (-ible) expriment l'aptitude à subir l'action rendue par la base formative verbale, par exemple : pardonnable, déchiffrable, contestable, discutable, fiable, jetable ; corrigible, nuisible.

Les dérivés avec -âtre expriment « la manifestation à un degré infé­rieur » de la qualité exprimée par la base formative ; ces dérivés sont tirés d'adjectifs de couleurs : blanchâtre, violâtre, rougeâtre, bleuâtre, noirâtre, verdâtre, jaunâtre.

Certains dérivés avec le suffixe -al (et ses variantes) expriment l'attitude envers quelqu'un ou quelque chose : amical, cordial. D'autres dérivés avec -al(e) et certains dérivés avec -ain(e) expriment des rapports différents : matinal, central, génial ; lointain, prochain, riverain.

4. Suffixation des verbes et des adverbes.

  • Suffixation des verbes. La suffixation est moins typique verbes que des substantifs et des adjectifs.

Le suffixe –is-, qui est parmi les plus productifs, signifie le fait d'être ou de mettre dans l'état exprimé par la base formative : agoniser agonie, « être dans l'agonie » ; légaliser légal, « rendre légal » ; égaliser égal, « rendre égal ». Les formations avec ce suffixe sont en corrélation avec des substantifs ou des adjectifs.

Le fait de « mettre dans un état » est rendu aussi par les formation avec les suffixes -c-, -ifi-, par exemple : obscurcir obscur, «rendre obscur » ; durcir dur, « rendre dur » ; amplifier ample, « rendre ample » ; glorifier glorieux, « rendre glorieux ». Ces formations ; généralement en corrélation avec des adjectifs. Toutefois récemment a paru chosifier - « rendre semblable à une chose», dérivé d'un substantif.

Certaines formations avec le suffixe -c- peuvent exprimer la manifestation ou la communication de la qualité rendue par la base formative adjectivale : noircir, forcir (ce tableau a noirci ; le garçon a forci).

Le même sens avec une nuance diminutive est parfois rendu pari formations avec le suffixe -oy- : ondoyer, rougeoyer ; ces formations sont en corrélation avec des adjectifs ou des substantifs.

Certains suffixes verbaux ont une valeur appréciative. Les suffixes -ass-, aill-, -ot-, s'ajoutant à des verbes, communiquent à leurs dérivés une nuance défavorable : rêvasser ; écrivailler, rimailler, politicailler, vivoter.

Les suffixes -ot-, -ill-, -onn-, s'appliquant aussi aux verbes, communiquent un sens diminutif : toussoter, buvoter, trembloter, siffloter, sautiller, mordiller, chantonner.

  • Suffixation des adverbes. La dérivation des adverbes s'effectue à l'aide de l'unique suffixe -ment. Ce suffixe provient du latin mente, l'ablatif de mens «esprit, façon de penser». Au cours de son déve­loppement historique la signification première de ce mot s'est effacée et il s'est converti en un suffixe ordinaire servant à former des adverbes ; dès lors on a pu l'accoler à toutes sortes de bases formatives.

Dans le français moderne les adverbes avec ce suffixe sont en cor­rélation avec des adjectifs dont ils sont formés : lentement lente, heureusement heureuse, mollement molle, rapidement rapide, modestement modeste, prudemment prudent.

Les formations avec ce suffixe peuvent exprimer : la manière (par exemple, tous les adverbes cités ci-dessus) ; le degré d'intensité de la manifestation d'un phénomène : complètement, entièrement, extrêmement, suffisamment ; un rapport de temps, par exemple : prochainement ; l'attitude du sujet parlant envers la réalité: probablement, certainement, évidemment.

5. Formation des mots par préfixes. Généralités. Les préfixes se rapprochent à bien des égards des suffixes. Tout comme ces derniers les préfixes sont caractérisés par un sens plus général que celui de bases formatives, ce qui leur permet de fonctionner en qualité d'éléments constants d'un modèle de formation (cf. en- (em-) + base formative verbale en-traîn(er), en-lev(er), em-port(er), s 'en-vol(er). À l'encontre des bases formatives les préfixes et les suffixes ne servent jamais de base de formation. Les combinaisons « base formative + suffixe » et « préfixe + base formative » sont normales, alors que la combinaison « préfixe + suffixe » est impossible. Ce dernier indice est décisif dans la distinction d’un affixe et une base formative.

À côté de ces traits communs les préfixes et les suffixes possèdent des particularités différentielles. A la différence des suffixes le préfixe conserve le plus souvent une certaine autonomie sémantique par rapport à la base formative dont il ne fera que modifier le sens : superfin signifie « très fin » ; transporter, c'est toujours porter, mais d'un lieu dans un autre ; délasser n'est que le contraire de lasser (cf. toutefois avec les suf­fixes diminutifs : maisonnette maison). Enfin, le suffixe a un pouvoir classificateur dont le préfixe est généralement dépourvu. Si le suffixe fait le plus souvent passer le mot qu'il forme dans une partie du discours autre que celle à laquelle appartenait le mot générateur (orientation orienter, robustesse robuste), le préfixe sert largement à créer des mots nouveaux dans le cadre de la même partie du discours (réintroduire introduire ; irresponsable < responsable).

Parmi les formations préfixales la première place revient aux ver­bes.

5a). Préfixation des verbes. Parmi les préfixes verbaux les plus productifs il faut nommer dé-, dés- et r(e)- (de formation dite populaire) et la variante ré- (de formation dite savante).

  • Les dérivés avec le préfixe (dés-) expriment : a) un sens opposé à celui qui est rendu par le verbe primitif : déboucher boucher, désintéresser intéresser, désunir unir ; b) la privation de ce qui est exprimé par la base formative: dégoûter goût, détrôner trône, dépeupler peuple, désavantager avantage. Ce préfixe paraît être particulièrement productif en français contemporain ; sont de création récente dédramatiser, dénationaliser, dépolitiser, décomplexer, démoustiquer, déshumaniser démythifier, désacraliser, désenneiger, déparasiter, désindustrialiser, déstabiliser etbeaucoup d'autres.

  • Le plus souvent le préfixe re-, ré- ajoute à la base formative verbale un sens itératif, il marque la répétition de l'action exprimée par la base : revoir, réintroduire, rouvrir, réapprendre ; récentes sont les créations reciviliser, repolitiser, réaménager.



Il y a des cas où dans le français moderne re- ne rend plus l'idée de répétition : repasser (une robe), remercier (a. fr. « mercier »), reconnaître qqn, ressembler à qqn. Ces verbes ne peuvent plus être considérés comme des formations préfixales, mais comme des mots simples.

D'autres cas se présentent où des verbes contenant r(e)- sont les synonymes des verbes sans r(e)- : reluire = luire, rapprocher - approcher, remplir = emplir. Ces verbes sont aussi des verbes simples dans le français moderne.

  • Les dérivés avec le préfixe en- (em-) peuvent avoir des sens divers. Ils peuvent exprimer : a) mettre dans l'état marqué par la base formative : enrhumer rhume-, enfiévrer fièvre- ; b) communiquer ou manifester la qualité rendue par la base formative : embellir belle-, empourprer pourpre ; c) certains dérivés avec ce préfixe signifient « soumettre à l'action de ce qui est marqué par la base formative » : ensoleiller — « remplir de la lumière du soleil » ; d) ils veulent dire parfois insérer ou mettre dans ce qui est exprimé par la base formative : encadrer cadre, encaisser caisse. Quoique différents, ces significations du préfixe en-, (em-) se rattachent les uns aux autres et nous sommes en présence de sa polysémie. Les dérivés avec ce préfixe sont en corrélation avec des substantifs ou des adjectifs.

  • Il en est autrement pour le préfixe en- (em-) homonyme dont le sens est totalement différent et dont les dérivés représentent un autre modèle de formation. Ce préfixe en- (em-) homonyme s'applique à des verbes et exprime un rapport spatial de l'éloignement : enlever lever, (s’)envoler voler, emmener mener, emporter porter.

  • Les dérivés avec le préfixe a- peuvent avoir les sens suivants : a) mettre ou demeurer dans un état : appauvrir pauvre, affoler folle-, attrister triste, affricher friche ; b) communiquer une qualité : arrondir ronde, adoucir douce. Ces dérivés sont en corrélation avec des adjectifs et des substantifs.

  • Le préfixe a- homonyme forme des dérivés exprimant un rapport spatial du rapprochement, et se trouvant en corrélation avec des verbes : apporter porter, accourir courir.

  • Le préfixe é- confère aux dérivés un sens privatif : écrémer crème, édenter dent, effeuiller feuille.

  • Les dérivés avec le préfixe me- (mes-) expriment un sens contraire à celui qui est rendu par le verbe primitif : méfier (se), messeoir (« cela messied à votre âge »), mésestimer, méconnaître, ce même préfixe ajoute souvent aux dérivés qu'il forme une nuance péjorative : méfaire, méjuger, médire, mépriser (cf. priser).

  • L'opposition est aussi exprimée par certains dérivés avec le préfixe contre- : contredire, contre-braquer, contre-indiquer.

  • Les dérivés avec les préfixes trans-, ex-, in- (im-), sou- expriment des rapports spatiaux: transporter, transplanter ; exporter, exhumer ; infuser, inhumer, importer, immigrer ; soutenir.

  • Les dérivés avec le préfixe entr(e)- expriment l'accomplissement incomplet d'une action : entrouvrir, entrevoir, entrebâiller. Certains verbes pronominaux avec un -entr(e) homonyme peuvent encore exprimer l'idée de réciprocité : s'entraider, s'entrechoquer, s'entre­déchirer, s'entre-détruire.

  • Par- confère le sens de «jusqu'au bout » aux dérivés qu'il forme : parachever, parvenir, parfaire.

  • Co- rend l'idée de simultanéité et de concomitance: coexister, cohabiter, cohériter, coopérer.

  • Pré- marque l'antériorité : prédire, prévoir, prédisposer, préjuger.

Les verbes préfixés sont généralement tirés de verbes, plus rarement de substantifs et d'adjectifs.

6. Préfixation des substantifs. Les formations préfixales sont beaucoup plus rares parmi les substantifs que les formations suffixales.

  • Les préfixes des substantifs les plus répandus sont ceux qui communiquent aux dérivés un sens opposé à celui du mot primitif : dé- (dés), dis-, in- (im-, ir-, il-), mes- : désordre ordre, désespoir espoir, disproportion proportion, inconfort confort, inculture culture, incroyance croyance, impuissance puissance, irrévérencerévérence, illégalité légalité, irrespect respect, mésintelligence intelligence.

Les autres préfixes de ce groupe sont : anti- qui signifie « dirigé contre » et non- qui confère aux dérivés un sens négatif antifascisme, anti-impérialisme, anticolonialisme, antivirus ; non-ingérence, non-participation, non-spécialiste.

  • Le préfixe re-, ré- participe tout autant à la formation des substantifs que des verbes et rend l’idée de répétition. Parmi les créations récentes nommons: réapprentissage, réexamen, reculturation, et aussi des formations sporadiques telles que recontrôle, redésordre.

  • Parmi les préfixes productifs viennent aussi se ranger co- qui rend l'idée de concomitance et de simultanéité : coexistence, coproduction ; auto- qui signifie « lui-même, par lui-même » : autodéfense, autoguidage, auto-intoxication ; rétro - correspondant à « en arrière » : rétrovision, rétroviseur, rétroactivité ; mono- « un seul » : monobloc, monorail ; bi-« deux, deux fois » : biréacteur ; tri- « trois, trois fois » : triporteur,

triplan ; quadri « quatre, quatre fois » : quadriréacteur, quadrimoteur ; poly — « plusieurs, nombreux » : polygraphe, polycopie, polyculture.

  • Les préfixes d'intensité super-, sur-, hyper-, ultra-, méga(lo)- dont l'activité créatrice s'est sensiblement accrue dans le français d'aujourd'hui ; ces préfixes forment surtout des termes de publicité : superproduction, supermagasin, surcocktail, hypermarché ; des termes politiques, techniques et scientifiques : surexploitation, surpeuplement hyperfréquence, hypertension ; ultrapression, ultramicroscope ; mégafête, méga-entreprise, méga-institution.

  • Le préfixe mini- conférant les sens « très court(dans le temps ou l'espace) », « très petit », et aussi « de très faible importance » : mini-appartement, mini-disque, mini-magnétophone, mini-budget, mini-grippe. Son synonyme micro- semble prendre aussi de l’arnpleur : microclimat, micro-copie, micro-jupe, micro-métro.

Des exemples cités il ressort que les substantifs dérivés à l'aide de affixes sont en corrélation avec des substantifs dont ils sont généralement formés.

7a). Préfixation des adjectifs. Les formations préfixales parmi les adjectifs ne sont guère non plus très nombreuses.

Un certain parallélisme entre la préfixation des adjectifs et des substantifs est à signaler, fait qui s'explique dans une large mesure par la parenté génétique de ces deux parties du discours. En effet, les adjectifs et les substantifs ont en commun la majorité des préfixes quoique leur productivité n'y soit pas toujours égale.

  • Tout comme pour les substantifs les préfixes des adjectifs les plus répandus et productifs sont ceux qui communiquent aux dérivés un sens opposé à celui du mot primitif : in- (et ses variantes), anti-, non-, a-, : inexpressif, inabordable, indiscutable, impatient, immatériel, irréparable, illisible ; antiraciste, antidémocratique, antitank, antichar ; non-directif, non-engagé ; apolitique, amoral.

  • Les préfixes d'intensité, dont surtout archi-, sur-, extra-, hyper-, super- sont aussi fort productifs dans la formation des adjectifs : archi-plein, archifaux, archiconnu ; surexcité, surchargé ; extra-fin, extra-sen­sible ; hyperstatique, hypercorrect, hypernerveux ; superfin, superléger.

Les autres préfixes beaucoup moins productifs sont : pro- « favorable à » : proallié, proaméricain ; auto- : autoguidé, autopropulsé, autogéré, autocentré, autocollant ; anti- : anti-américain, anti-idéologique. La majorité des adjectifs préfixés est formée d'adjectifs ; toutefois des cas se présentent où les préfixes forment des adjectifs à partir de substantifs : antichar char, antibrouillard brouillard, antibruit bruit.

7b). La dérivation parasynthétique. La dérivation régressive.

  • Par la dérivation parasynthétique on comprend la formation de mots nouveaux par l'adjonction simultanée d'un suffixe et d'un préfixe : appontement pont — «пристань на сваях», empiècement pièce — «вставка на платье», souterrain terre, encolure col, encorné corne. Ce procédé paraît être productif dans la formation des adjectifs tels que : biailé, triatomique, extra-cellulaire, transcontinental, polycylindrique, transsonique, monoparental, pluridisciplinaire, multiculturel, antidépresseur dépression qui sont en corrélation avec des substantifs puisqu'ils se laissent analyser comme « qui a deux ailes », « formé de trois atomes », « qui traverse le continent », « contenant plusieurs cylindres » et non pas comme « de fois ailé », « trois fois atomique », etc.

  • La dérivation régressive appelée aussi « dérivation sans suffixe » ou « dérivation avec le suffixe zéro », consiste en la formation de mots par le retranchement de certains suffixes. Ainsi on a formé démocrate, aristocrate, autonome de démocratie, aristocratie, autonomie en rejetant le suffixe -ie. Ceci est vrai dans la perspective diachronique, alors que l'analyse synchronique peut offrir un tableau différent. En effet, certains mots qui sont historiquement créés par dérivation régressive seront interprétés dans la synchronie comme des bases de formation suffixales. Tel est le cas de autonome qui a été réellement créé de autonomie. L'approche synchronique qui fait abstraction de l’étymologie, nous autorise à voir dans autonomie — « caractère de ce qui est autonome » dérivé de autonome puisqu'il est motivé par ce dernier conformément un modèle de formation suffixale typique (ci. folie fou (fol), jalousiejaloux). Quant à aristocrate et démocrate leur interprétation dans la synchronie coïncidera avec leur création réelle du fait que ce sont précisément ces formations qui sont motivées par aristocratie et démocratie, et non inversement (ainsi un démocrate est un partisan de la démocratie) Ceci correspond aux rapports dérivationnels typiques dans le système actuel de formation : dans une opposition formative le substantif désignant l'homme d'après quelque caractéristique est nettement conçu comme une formation dérivée (cf. chirurgien chirurgie, dentiste dent, hôtelier hôtel, et aussi les formations récentes propédeute de propédeutique, psycholinguiste de psycholinguistique.

Un autre type de la dérivation régressive est représenté par les substantifs tirés de verbes et coïncidant avec les radicaux de ces derniers. Dans ce cas l’élément verbal –er doit être envisagé comme suffixe et non comme flexion verbale: cri crier, vol voler, appel appeler, appui appuyer, adresse adresser, élan s’élancer, regard regarder, souci soucier etc.


8. Dérivation impropre (ou conversion). La dérivation impropre se définit comme « le procédé par lequel on tire d'un mot existant un autre mot en lui attribuant simplement une fonction nouvelle ».

La conversion est d’une richesse considérable dans le français d’aujourd’hui en tant que langue essentiellement analytique où les indices grammaticaux sont peu prononcés. La conversion est d’une grande productivité dans la formation des nominaux (substantifs et adjectifs).

8.1. Substantivation.

8.1.1. L’adjectif devient facilement substantif ce qui s’explique par sa nature nominale : la Marseillaise, le beau, le sublime, le vrai,
le curieux
(d’une affaire), un sourd, un muet, un documentaire, le calme, le rouge à lèvres (« se mettre du rouge ») ; le blanc des yeux, un jaune d'œuf, un collectif, un marginal, une hivernale - « course en hiver en haute montagne », un inconditionnel - « qui est un partisan sans réserve de... », l'hexa­gonal - « le français » etc.

8.1.2. Les
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